Chaque année, des enseignants quittent l’Éducation nationale. Le nombre de démissions de profs a d’ailleurs augmenté. Les départs définitifs volontaires parmi les enseignants du public en poste à l’Éducation nationale sont ainsi passés de 1.554 en 2019-2020 à 2.286 en 2020-2021. Et, il y a aussi les ruptures conventionnelles, un dispositif qui permet de toucher des indemnités de départ ainsi que deux ans de chômage. Une demande rarement acceptée par le ministère...
"On me propose de me mettre en congé maladie"
Laurie a enseigné avec passion quatorze ans durant. Mais aujourd'hui, elle voudrait se lancer dans la création d'objets de décoration. Elle demande donc depuis deux ans une rupture conventionnelle.
"La seule option que me propose l'Éducation nationale à l'heure actuelle, c'est de faire une demande de congé maladie et donc de mettre en stand-by tout mon projet de reconversion", regrette-t-elle au micro d'Europe 1. "Parce que si on me propose de me mettre en congé longue maladie derrière, on me dit aussi 'pas question de lancer une entreprise, pas question de faire quoi que ce soit'".
Laurie n'a plus l'envie ni l'énergie d'enseigner. Pas plus que Jérôme. Il enseigne à des enfants en situation de handicap depuis plus de 20 ans et aimerait désormais devenir comédien. Il a formulé une demande de rupture conventionnelle en décembre dernier.
Refus pour des nécessités de service
"J'ai reçu un courrier m'indiquant que ma demande était rejetée en raison de la rareté de la ressource enseignante dans le département. Donc, j'ai envoyé une lettre de démission à laquelle, pour l'instant, je n'ai eu aucune réponse. Je sais qu'on peut encore me la refuser pour des nécessités de service", déplore-t-il sur Europe 1.
Certains enseignants, comme Muriel, parviennent à obtenir des ruptures conventionnelles, aidés toutefois pendant des mois par des associations comme Aides aux profs. "Début juillet, j'ai reçu un message de l'inspection me disant que j'avais ma rupture conventionnelle. Je fais partie des chanceuses visiblement", témoigne-t-elle. Muriel a donc quitté la Seine-Saint-Denis pour le Finistère. Enseignante pendant 22 ans, elle est désormais chauffeuse de taxi.