collège classe covid 4:57
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Virginie Riva et Gauthier Delomez , modifié à
À cause de l'absentéisme des professeurs, les collégiens et les lycéens perdraient 10% d'heures de cours selon un rapport de la Cour des comptes. Près de deux tiers de ces absences sont dus à des motifs autour du travail, comme la formation continue. Le remplacement ponctuel entre enseignants d'un même établissement est notamment évoqué pour limiter le phénomène.

Comment rattraper le temps perdu ? La Cour des comptes s'est penchée sur les 10% d'heures de cours que perdraient les collégiens et les lycéens. Dans son rapport, l'institution pointe l'absentéisme des professeurs de l'Éducation nationale, qui n'est pas toujours liée à des raisons personnelles. Deux tiers de ces absences le sont pour le travail, soit des obligations de services comme la formation continue par exemple ou des réunions pédagogiques. Mais tout cela a un coût : quatre milliards d'euros. Conscient de ces problèmes, le ministre Jean-Michel Blanquer a évoqué des solutions au micro d'Europe 1.

Des préconisations de la Cour des comptes

Le ministre de l'Éducation nationale assure que les préconisations de la Cour des comptes ont commencé à être "mises en œuvre". Pour diminuer l'absentéisme causé par le travail, Jean-Michel Blanquer avance "la formation continue hors temps scolaire". Le ministre propose également, pour une absence de moins de deux semaines, que le remplacement soit fait "à l'intérieur de l'établissement, si possible par un professeur de la même matière en heures supplémentaires, éventuellement même dans une autre matière quitte à la rattraper ultérieurement".

"Y a-t-il un intérêt pour les élèves ?"

Dans l'émission Europe Midi, Sophie Vénétitay, secrétaire générale du syndicat Snes-FSU, préfère d'abord se demander "s'il y a un intérêt pour les élèves, si ça va leur apporter quelque chose". La syndicaliste s'interroge sur la pratique de cette proposition, où un professeur apprendrait la veille qu'il doit remplacer un de ses collègues. "Est-ce que ça apporte quelque chose aux élèves d'organiser en dernière minute un remplacement comme ça en interne ?", se questionne-t-elle au micro de Romain Désarbres.

Puis Sophie Vénétitay de s'interroger sur un tel remplacement dans une autre discipline, comme l'évoque le ministre de l'Éducation nationale. "On voit bien que là, on est toujours très loin de ce qu'il faudrait pour les élèves. La Cour des comptes donne des réponses comptables, c'est son rôle. Mais on a envie de parler de pédagogie et des élèves", affirme la secrétaire générale de Snes-FSU.

Un chiffre déjà "assez élevé" de temps de travail

Les vacances de la Toussaint, qui durent une dizaine de jours, pourraient-elles accueillir davantage de temps de formation des professeurs ? "Il faut savoir qu'on travaille déjà pendant ces vacances puisque selon les chiffres du ministère, le temps de travail d'un enseignant est de 42 heures et 53 minutes. C'est un chiffre assez élevé", note Sophie Vénétitay. La syndicaliste met en avant les corrections de copie, les préparations de cours, qui prennent déjà du temps aux enseignants en période de vacances.

Revenant sur l'intérêt des élèves, elle avance que ces temps de formation vont justement dans ce sens. "Quand on est formés sur des nouvelles connaissances, sur comment on évalue les élèves, comment on utilise le numérique, c'est pour pouvoir l'utiliser quand on revient devant nos élèves. Donc ce n'est pas complètement du temps perdu", assure-t-elle.

Les outils de l'Éducation nationale insuffisants pour la Cour des comptes

Dans son rapport, la Cour des comptes pointe aussi l'insuffisance des outils de l'Éducation nationale pour mesurer l'absentéisme des enseignants et pouvoir réagir rapidement, au plus près du terrain. Un problème dont Jean-Michel Blanquer se dit également conscient. Le ministre veut que la politique de ressources humaines soit mieux organisée dans la politique de l'offre et de la demande. À l'école primaire, par exemple, un logiciel de gestion des RH est en cours d'expérimentation.

L'entourage du ministre de l'Éducation nationale rappelle qu'il n'y a que 400 personnes qui gèrent la masse salariale de plus d'un million d'enseignants. Aussi, il reste un problème majeur qui est celui de l'attractivité des postes de remplaçants.