Le premier groupe français de grande distribution, E.Leclerc, a reconnu mardi avoir vendu des reliquats de produits Lactalis concernés par le rappel du 21 décembre dans certains de ses magasins. De son côté, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) a lancé "des investigations" chez le distributeur pour comprendre comment ces produits ont pu être mis en vente, a indiqué Loïc Tanguy, directeur de cabinet de ce service de Bercy.
984 produits vendus malgré tout. Malgré l'application de cette mesure de rappel consécutive à la découverte d'une contamination aux salmonelles, "il apparaît que 984 produits ont malgré tout été vendus après le rappel dans plusieurs magasins", indique dans un communiqué le distributeur, sans localiser les points de vente concernés.
Pour justifier ce dysfonctionnement, Leclerc avance deux explications : un problème de gestion de ses rappels de produits Lactalis dans plusieurs magasins, tout d'abord. Avec plusieurs vagues de rappels, des lots sont passés entre les mailles du filet, indique le groupe. Par ailleurs, l'un des produits rappelés faisait partie d'une opération promotionnelle chez Leclerc, opération prévue depuis trois mois, et dans certains cas, les lots concernés n'ont pas été retirés des rayons.
Un problème identifié à Seclin, dans le Nord. E.Leclerc explique avoir constaté le problème après avoir procédé à "un audit interne de vérification de la bonne application des mesures de retrait des produits de l'entreprise Lactalis" à la suite d'un problème identifié dans le magasin E.Leclerc de Seclin, dans le Nord. Les centres E.Leclerc procèdent à "un audit des procédures afin d'identifier précisément les raisons de ce dysfonctionnement et de mettre en place les mesures correctives nécessaires", ajoute le groupe, qui dit avoir informé "l'administration compétente".
"La responsabilité porte sur chaque maillon de la chaîne, chacun a la responsabilité d'informer ses clients et d'arrêter de commercialiser les produits dangereux", a déclaré de son côté le responsable de la DGCCRF. L'organisme public avait mené une enquête nationale pour vérifier que la procédure de retrait et de rappel avait bien été respectée, a-t-il ajouté.
Les consommateurs contactés individuellement. E. Leclerc affirme avoir identifié les consommateurs ayant acheté les produits, sans toutefois préciser comment, et "les directions des magasins les contactent actuellement individuellement". Un numéro vert 01.71.53.51.20 a été ouvert.
Rappel massif de lots contaminés. Le 21 décembre, Lactalis a procédé au rappel de l'ensemble de ses laits et autres produits infantiles produits dans son usine de Craon, en Mayenne, depuis février 2017, après la découverte d'une contamination aux salmonelles. Un premier rappel de certains lots de laits infantiles avait été décrété le 2 décembre puis le gouvernement avait annoncé un retrait massif de produits issus de l'usine de Craon le 10 décembre. La bactérie à l'origine de la contamination à la salmonelle de cette usine est probablement la même que celle qui a frappé le site en 2005, a indiqué lundi l'Institut Pasteur.
35 nourrissons infectés. Au 20 décembre, Santé publique France avait recensé 35 nourrissons atteints de salmonellose en France depuis mi-août, dont 31 ayant consommé un lait infantile de l'usine de Craon. "Le nombre est assez faible" et "je ne pense pas qu'il devrait beaucoup évoluer", a estimé lundi Simon Le Hello, codirecteur du Centre national de référence salmonelle de l'Institut Pasteur, qui enquête sur cette bactérie.
Une cliente envisage de porter plainte. Une cliente d'un drive d'un Leclerc a tiré la sonnette d'alarme dès jeudi soir, alors qu'elle avait d'abord pensé faire une bonne affaire en achetant du lait en promotion, à -40%. "Le jeudi 4 janvier, je me suis rendu compte que le lait venait de l'usine de Craon. J'ai appelé Lactalis qui m'a confirmé que le numéro de lot faisait partie des retraits de lot", a témoigné cette jeune mère de famille sur Europe 1, mardi soir. "Je ne comprends pas comment personne ne s'est rendu compte du problème. Leclerc n'était pas au courant quand je les ai contactés", s'étonne-t-elle. Même si son bébé n'a pas été contaminé par les salmonelles, elle envisage désormais une action en justice.