La France a perdu 40% de ses maternités en 20 ans, selon une étude du journal Le Monde. Alors que l'établissement de Bernay, dans l'Eure, a fermé ses portes le 11 mars, ces nombreuses fermetures compliquent singulièrement la situation des femmes à travers le pays. Le nombre de femmes vivant à plus de 45 minutes d'une maternité a doublé sur la période.
Entre le 1er janvier 1997 et le 11 mars 2019, la France a perdu 338 maternités (413 fermetures et 73 ouvertures) sur 835, écrit Le Monde. Et le nombre de femmes en âge de procréer et vivant à plus de 45 minutes d'une maternité est passé de 290.000 à 716.000, soit une augmentation de 430.000. Ce chiffre de 716.000 contredit les statistiques officielles qui évoquent plutôt 300.000 femmes. Concernant le nombre de femmes vivant à plus de 30 minutes, ce chiffre a augmenté de près de deux millions en passant de 1,9 à 3,7 millions.
Les territoires condamnés à des "morts lentes"
Alors que de nouvelles fermetures sont dans les tuyaux, au grand désespoir des élus locaux, pour les autorités sanitaires, fermer une maternité permet d'apporter plus de sécurité aux femmes car si les services ferment, c'est qu'ils ne peuvent pas garantir la présence d'un gynécologue ou d'un anesthésiste 24 heures sur 24, indispensables en cas de complication.
"Il y a quelques endroits où l'éloignement devient trop grand pour être supportable, ce qui condamne les territoires à des morts lentes", explique l'auteur de l'étude, le géographe Emmanuel Vigneron. Car ces fermetures freinent l'arrivée de couples, et donc d'enfants, et par conséquent le développement des services publics. Emmanuel Vigneron propose donc de "définir une architecture d'ensemble et fixer dans la loi vingt ou trente exceptions territoriales sur la base de critères objectifs, de manière à rendre les fermetures plus acceptables". Dans ces exceptions territoriales, un hôpital de proximité pourrait par exemple pratiquer des accouchements.