En 2015, 497 sans domicile fixe sont morts en France dans la rue, un abri de fortune ou à l'hôpital, a dénombré le collectif Les morts de la rue, qui publie mercredi son décompte annuel, mais il ne s'agit que de la "partie visible de l'iceberg".
"Plus de 2.800 morts". Le collectif, qui s'attache à dénombrer les personnes mortes sans abri, grâce aux témoignages de riverains ou d'associations, a recensé 497 morts l'année dernière, auxquels s'ajoutent ceux de 88 "anciens de la rue". Mais "le nombre réel de décès de personnes SDF est estimé à plus de 2.800", affirme le collectif. En 2012, l'Insee estimait à 141.500 le nombre de sans abri en France.
Surtout des hommes et quelques mineurs. Plus de neuf personnes mortes sur dix en 2015 (92%) étaient des hommes. Quarante-trois étaient des femmes et six étaient des mineurs de moins de quinze ans (dont les parents sont tous étrangers). Ils sont morts à 49 ans en moyenne, soit plus 30 ans plus tôt que l'âge moyen de décès dans la population globale. La mort achève un parcours de rue de dix ans en moyenne. Une séparation, une maladie, un parcours migratoire sont parmi les raisons fréquemment citées de perte du logement.
Maladie et morts violentes. Si les causes de décès sont connues dans seulement 55% des cas répertoriés par le collectif, 28% sont morts de causes violentes (accidents, agressions) et 27% de maladie. Ces personnes sans abri ont rendu leur dernier souffle sur la voie publique ou dans des abris de fortune (44%), dans un lieu de soins (37%) ou dans une structure d'hébergement (13%). Si les SDF meurent davantage en hiver qu'en été, comme la population générale, cinq personnes sont mortes d'hypothermie, soit moins de 1% des décès, en 2015.
La pauvreté tue plus que le froid, rappelle le collectif. Le collectif Les morts de la rue s'attache démontrer que plus que le froid, c'est la précarité qui tue : "attribuer ces décès à des causes climatiques pourrait laisser penser qu'il s'agit d'une fatalité à laquelle nul ne peut rien. L'hiver, comme l'été sont immuables, alors que la situation précaire face au logement ne l'est pas : nous pouvons agir contre la précarité. Pas contre les saisons".