Tireurs d'élite et sécurité renforcée, le ton est donné devant le palais de justice d'Aix-en-Provence. Lundi s'ouvre le procès d'une partie de l'histoire du grand banditisme corse. Claude Chossat, un repenti qui a décidé de briser l'omerta, prend place sur le banc des accusés de la cour d'assise d'Aix-en-Provence. Il est accusé d'avoir assassiné Richard Casanova, un ponte du gang de la Brise de mer.
Claude Chossat a brisé l'omerta depuis 11 ans
Le 23 avril 2008, Richard Casanova est abattu par un tireur embusqué alors qu'il se dirigeait vers sa voiture. Casanova avait la main sur une partie des activités illégales corses. Les premiers soupçons se portent sur Francis Mariani, lui-même assassiné en 2009. Une série d'assassinats interviennent par la suite, conduisant au déclin du gang de la Brise de mer.
Claude Chossat est aujourd'hui accusé d'avoir assassiné Richard Casanova. Il a décidé de briser l'omerta, depuis 11 ans, et de collaborer avec les enquêteurs et les magistrats : "J'ai décidé de couper avec ce milieu, c'était un choix personnel pour ma famille, pour mon entourage et pour me couper de ce milieu terrible qui gangrène la Corse depuis 30 ans", affirme Claude Chossat sur Europe 1 lundi.
Il poursuit : "J'ai mis cette vie de voyou derrière moi. Je n'ai aucun problème avec ça, j'ai fait ce choix et je l'assume".
"Les gens qui les ont sous-estimés sont morts"
L'ex-gangster a beau collaborer avec la justice, l'Etat ne lui a pas accordé le statut de repenti de droit. Il affirme ne pas bénéficier de sécurité policière et devoir se protéger lui-même. "Je suis aujourd'hui consultant immobilier et j'ai un numéro de sécurité sociale très éloigné de chez moi. Je suis obligé de mettre des barrières car en face de moi j’ai des voyous qui me traquent et qui ont des yeux et des oreilles partout. Je ne sous-estime pas ces gens. Les gens qui les ont sous-estimés sont morts aujourd’hui".
Claude Chossat regrette son statut de repenti de fait et non de droit car il estime que des gens "sont prêts à parler" en Corse mais qu'ils doivent bénéficier d'un accompagnement. "Il faut un message de fort de l'Etat", martèle-t-il. Il conclut : "J'ai peur de me retrouver en prison. Les gens qui ont décidé de briser l’omerta n'y sont pas en sécurité. Cette décision, de toute façon, ne m’appartient pas. Je fais confiance à la justice".