La colère des agriculteurs connaît une petite accalmie ce dimanche, avant de repartir de plus belle dès lundi. La FNSEA et les Jeunes Agriculteurs ont annoncé "un siège de la capitale" lundi, tandis que la Coordination rurale du Lot-et-Garonne va bloquer le marché de Rungis. En réponse, le gouvernement a promis dimanche un "dispositif défensif important", et le Premier ministre Gabriel Attal a juré "d'avancer vite" pour répondre à la grogne du monde agricole.
Les principales informations :
- Encore 38 points de blocage étaient recensés samedi, au lendemain des annonces de Gabriel Attal
- En Indre-et-Loire, Gabriel Attal a déclaré qu'il envisageait des mesures "supplémentaires", aux niveaux national et européen, pour protéger les agriculteurs contre la concurrence déloyale d'autres pays qui ne sont pas soumis aux mêmes contraintes règlementaires
- La FNSEA et les Jeunes Agriculteurs annoncent "un siège de la capitale" lundi, le marché de Rungis dans le viseur de la Coordination rurale du Lot-et-Garonne
- Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a demandé aux responsables des forces de l'ordre de mettre en place "un dispositif défensif important afin d'empêcher tout blocage". 15.000 membres des forces de l'ordre seront mobilisés lundi.
"15.000" membres des forces de l'ordre mobilisés lundi
Gérald Darmanin a annoncé dimanche soir que 15.000 membres des forces de l'ordre seraient mobilisées lundi pour empêcher que les tracteurs entrent dans "Paris et les grandes villes" et les blocages du marché de Rungis et des aéroports franciliens. S'exprimant à l'issue d'une réunion interministérielle de crise à laquelle a participé le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau, le,ministre de l'Intérieur a fait part en outre d'une "modération" demandée aux forces de l'ordre qui ne devront pas "intervenir sur les points de blocages" mais les "sécuriser".
Sept points de blocage prévus autour de Paris lundi
Alors que le Premier ministre Gabriel Attal, de retour sur le terrain, a juré "d'avancer vite" pour répondre à la colère des agriculteurs, le président du premier syndicat agricole français a exhorté le gouvernement à "aller beaucoup plus loin". "On n'a pas bien vécu ce qui s'est passé la semaine dernière : la com', les caméras, le ballot de paille et tout ça, ce n'est pas notre truc. Ce qu'il nous faut nous, c'est des décisions dont on sent qu'elles changent le logiciel", a lancé Arnaud Rousseau face à des paysans bloquant l'autoroute A16 à la hauteur de Beauvais dans l'Oise.
Malgré une accalmie, de nombreuses liaisons routières sont restées coupées dimanche, de la Normandie au Gard en passant par les Pyrénées-Atlantiques et la Meuse. La situation menace de se tendre encore avec un projet de blocage d'accès à Paris lundi à partir de 14 heures. "Tout va s'organiser dans la sécurité autour de plusieurs points de blocage sur des axes stratégiques autoroutiers importants, il va y avoir sept points de blocage tout autour de Paris", qui seront tenus "par des tracteurs, des agriculteurs", a affirmé Clément Torpier, président des Jeunes Agriculteurs Ile-de-France, sur BFMTV.
Selon lui, "il va y avoir une organisation militaire, il est hors de question qu'un nouvel accident arrive" après celui qui a coûté la vie à une agricultrice et sa fille en Ariège.
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Darmanin demande "un dispositif défensif important", des blindés déployés aux abords de Rungis
Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, qui organise dimanche soir une réunion interministérielle de crise, a demandé dimanche aux responsables des forces de l'ordre de mettre en place "un dispositif défensif important afin d'empêcher tout blocage" par les agriculteurs du marché de Rungis, des aéroports franciliens et "d'interdire toute entrée dans Paris", selon son ministère.
Dès le début de soirée, des forces de l'ordre dont des blindés de la gendarmerie ont été déployées aux abords de Rungis, a constaté un journaliste de l'AFP. Mais "la posture reste la même : les forces de l'ordre doivent agir avec grande modération", a-t-on expliqué place Beauvau. Et la mobilisation devrait reprendre tôt lundi autour de Lyon, selon la préfecture du Rhône, qui a évoqué une opération escargot venue des Monts du Lyonnais puis des blocages d'autoroutes. Les branches locales de la FNSEA et les JA ont promis "des ramifications partout dans la région".
Selon Arnaud Rousseau, la séquence qui s'ouvre est celle d'une "semaine de tous les dangers, soit parce que le gouvernement ne nous entend pas, soit parce que la colère sera telle qu'ensuite chacun prendra ses responsabilités".
"Je suis résolu à avancer vite", déclare Attal en Indre-et-Loire
De son côté, Gabriel Attal a concédé "que, à travers ces premières mesures (annoncées vendredi, NDLR), on n'a pas répondu encore à tout ce que je viens d'évoquer et ce qui constitue le malaise et le mal-être de nos agriculteurs aujourd'hui". "Et je suis résolu à avancer, avancer résolument, à avancer vite", a déclaré le Premier ministre à La Riche en Indre-et-Loire. Peu auparavant, dans une ferme au nord-est de Tours, Gabriel Attal a été interpellé sur de multiples volets de la crise : baisse des revenus, retraites faibles, complexité administrative, inflation des normes, concurrence étrangère...
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"Je veux qu'on clarifie les choses et qu'on voie les mesures que l'on peut prendre, supplémentaires, sur ces histoires de concurrence déloyale", a assuré le chef du gouvernement. "Je lui confirme, il faut aller beaucoup plus loin", a répondu Arnaud Rousseau, qui a présenté des dizaines de doléances au gouvernement cette semaine : "tant que ces demandes ne seront pas satisfaites, la mobilisation sera totale", a-t-il dit.
Manifestation en Belgique
Gabriel Attal a dévoilé vendredi des mesures d'urgence, dont l'abandon de la hausse de la taxe sur le gazole non routier (GNR), des indemnités gonflées pour les éleveurs dont les bovins ont été touchés par la maladie hémorragique épizootique, des sanctions lourdes contre trois industriels de l'agro-alimentaire ne respectant pas les lois Egalim sur les prix. Mais le président des Républicains Eric Ciotti a jugé ces réponses "ridiculement faibles" et plaidé, dans un entretien au Journal du Dimanche, pour un revenu minimum net mensuel des agriculteurs de 1.500 euros.
De son côté, en déplacement dans une exploitation agricole à Radinghem-en-Weppes dans le Nord, la cheffe de file de l'extrême droite, Marine Le Pen, a dénoncé la politique agricole du gouvernement. "Ils ne remettront pas en cause le modèle" qu'ils soutiennent "au niveau de l'Union européenne", "qui est un modèle qui tue l'agriculture", a-t-elle dit, estimant qu'il fallait "sortir l'agriculture des accords de libre-échange".
Exaspérés comme leurs voisins français par une politique agricole commune européenne selon eux déconnectée du terrain, des agriculteurs belges ont bloqué dimanche une autoroute dans le sud de leur pays. Des paysans se sont également mobilisés dernièrement en Allemagne, en Pologne, en Roumanie et aux Pays-Bas.