Le gouvernement se donne une dernière chance avant un reconfinement. Le Premier ministre Jean Castex a annoncé de nouvelles restrictions supplémentaires vendredi soir, sans décider d'un troisième confinement qui paraissait pourtant inéluctable ces derniers jours. Ce choix surprise ne fait cependant pas l'unanimité, aussi bien dans la classe politique que chez les médecins. Samedi, le gouvernement a précisé les modalités de fermeture des centres commerciaux non-alimentaires de plus de 20.000 mètres carrés. Selon le dernier bilan des autorités sanitaires, la circulation épidémique reste élevée, tout comme la pression sur le système hospitalier, avec plus de 27.000 patients hospitalisés.
Dans le reste de l'Europe, la circulation de ces nouveaux variants, plus contagieux que la souche dominante, continue d'inquiéter. À Wuhan, en Chine, les experts de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) ont enfin entamé, vendredi, leur enquête de terrain sur l'origine du Covid-19, qui doit les conduire sur des sites sensibles, comme le premier hôpital ayant accueilli des malades du Covid-19 au début de la pandémie.
Les informations à retenir :
- Jean Castex a annoncé un renforcement des restrictions actuelles, mais pas de confinement
- L'opposition raille les mesures du gouvernement
- 75.802 morts en France, la pression hospitalière reste forte
- Les experts de l'OMS ont débuté leur enquête sur l'origine du virus à Wuhan
Plus de 27.000 patients hospitalisés en France
Le nombre de malades du Covid-19 hospitalisés reste à un niveau élevé, autour de 27.000, de même que celui des patients en réanimation (environ 3.000), selon les chiffres diffusés samedi par l'agence sanitaire Santé publique France. Samedi, 27.242 personnes étaient hospitalisées en raison du Covid, dont 3.103 en réanimation (les services réservés aux patients les plus gravement atteints), des niveaux similaires à la veille (27.270 et 3.120). Trois semaines plus tôt, le 9 janvier, on comptait environ 24.000 malades du Covid hospitalisés, dont 2.600 en réa.
En moyenne, sur les 7 derniers jours, environ 1.600 nouveaux malades du Covid sont hospitalisés chaque jour en France, dont 250 en réa. En outre, 242 décès ont été enregistrés à l'hôpital en 24 heures, pour un total de plus de 75.000 morts depuis le début de l'épidémie. L'agence sanitaire rapporte 24.392 nouvelles contaminations, et un taux de positivité des tests à 6,9% contre 7% la veille.
Quatre semaines après le début de la vaccination en France, près de 1,45 million de personnes ont reçu au moins une dose de vaccin. Parmi elles, un peu plus de 41.000 ont déjà reçu les deux doses, selon Santé publique France.
Nouvelles restrictions, mais pas de reconfinement
Après un Conseil de défense sanitaire qui s'est tenu à 18 heures, le Premier ministre, Jean Castex, a annoncé dans la soirée de nouvelles restrictions afin de réduire la propagation du Covid-19 sur le territoire national, sans choisir la voie du reconfinement. "Nous pouvons encore nous donner une chance d'éviter le confinement", a-t-il affirmé.
"Toute entrée en France et toute sortie de notre territoire depuis un pays extérieur à l'Union européenne sera interdite à partir de dimanche, sauf motif impérieux", a indiqué le chef du gouvernement. Les voyages en lien avec les pays de l'UE seront conditionnés à des tests PCR. Concernant le couvre-feu, les contrôles seront renforcés. Les centres commerciaux non-alimentaires d'une surface supérieure à 20.000 mètres carrés seront fermés dès dimanche. Sur le plan économique, le "quoi qu'il en coûte" prôné par l'exécutif depuis mars 2020 sera quant à lui prolongé. "Le recours effectif au télétravail devra être renforcé", a aussi annoncé le Premier ministre en conclusion de cette très courte allocution.
Quelles mesures pour les centres commerciaux ?
Samedi, le ministère de l'Economie a apporté samedi plusieurs précisions sur les commerces contraints à fermer, ainsi que sur la jauge renforcée qui s'appliquera dans ceux qui restent ouverts. "Près de 400 centres commerciaux ou magasins sont concernés", a annoncé le ministère.
Plusieurs questions demeuraient. Par exemple, est-ce que les magasins de grande taille mais appartenant à une enseigne unique, comme la chaîne d'ameublement Ikea, seraient concernés ? La réponse est oui.
Dans les centres commerciaux stricto sensu, les enseignes alimentaires pourront rester ouvertes, de même que les pharmacies, mais leur surface sera quand même prise en compte pour déterminer le seuil fatidique de fermeture : "Les 20.000 mètres carrés se calculent en additionnant l’ensemble des surfaces des commerces, alimentaires ou non", explique Bercy. "Les zones commerciales, parcs d'activité et villages de marques où la circulation du public entre les commerces intervient en extérieur ne sont pas concernés et peuvent rester ouverts. En revanche, les bâtiments de plus de 20.000 m2 cumulés reliés par des allées closes et couvertes de ces zones doivent fermer", détaille encore le communiqué.
Le gouvernement a par ailleurs confirmé que le nombre maximum de clients serait encore abaissé dans les commerces, sauf pour les plus petits d'entre eux. S'ils font plus de 400 mètres carrés, ils ne pourront plus accueillir qu'un client pour 10 mètres carrés. En dessous, le seuil demeure à huit mètres carrés.
L'opposition critique le gouvernement
La majorité des opposants de droite comme de gauche a jugé sévèrement les nouvelles restrictions détaillées par Jean Castex. "Tout ça pour ça", ont déploré à l'unisson le chef de file des députés LR, Damien Abad et le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel. "La France ne risque pas de reprendre le contrôle sur l’épidémie et rassurer les Français avec ces mesures. Rien sur la campagne de vaccination et pas de sortie du tunnel en vue !", a dénoncé l'élu communiste.
L'extrême droite s'est elle félicitée avec ironie de la fermeture des frontières aux pays hors-UE tout en déplorant "le temps perdu". "Depuis le début, sans être écoutés, nous disons que c’est l’un des moyens les plus efficaces pour ralentir l’épidémie", a tancé Marine Le Pen sur twitter. Lisez ici notre article.
24 restaurants clandestins fermés depuis jeudi à Paris
Un total de 24 restaurants clandestins ont été découverts jeudi et vendredi à Paris et vont faire l'objet d'une fermeture administrative de 15 jours, a indiqué samedi la préfecture de police (PP). Par ailleurs, depuis le 1er janvier, 34 commerces parisiens ont été fermés pour une durée de quinze jours, dont 8 supermarchés, pour non-respect du couvre-feu de 18 heures ou pour absence de respect du port du masque, a ajouté la préfecture de police.
"Une opération menée (vendredi) soir dans le XIe arrondissement a conduit à la fermeture immédiate de 7 commerces restés ouverts après 18 heures", a indiqué la PP. Chaque jour, en moyenne, entre 300 et 400 établissements recevant du public sont contrôlés à Paris, selon la préfecture.
Bisbilles entre AstraZeneca et l'UE à propos du vaccin
L'Agence européenne du médicament (EMA) a approuvé vendredi l'utilisation du vaccin d'AstraZeneca dans l'UE, alors que les 27 fustigent ses retards de livraison et que la commission de vaccination allemande l'a déconseillé pour les plus de 65 ans. L'autorisation du régulateur européen vaut pour les personnes de plus de 18 ans. En début de soirée Bruxelles a également autorisé la mise sur le marché du vaccin d'AstraZeneca/Oxford, a annoncé la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.
L'EMA s'est déjà exprimée dans la matinée, indiquant dans un communiqué qu'un autre vaccin, le Pfizer/BioNTech, n'avait pas de lien avec des décès post-vaccination, dont un certain nombre de personnes âgées, qu'elle a examinés. "Les données ne (montrent) pas de lien avec la vaccination" ni "de problèmes de sécurité", selon le régulateur européen. Par ailleurs, le laboratoire Novartis va aider Pfizer et BioNTech à produire leur vaccin.
Face aux retards annoncé, L'UE accentue néanmoins ses pressions sur le laboratoire pour assurer les livraisons, illustrant une course au vaccin qui fait craindre à l'OMS que les pays pauvres restent au bord de la route. Fiabilité de son vaccin contestée, bisbilles avec l'UE sur les retards de livraison et possible litiges... Le vaccin d'AstraZeneca se transforme en casse-tête pour le laboratoire anglo-suédois.
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Les experts de l'OMS entament leur enquête à Wuhan
À Wuhan (centre de la Chine), les experts de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) ont enfin entamé, vendredi, leur enquête de terrain sur l'origine du Covid-19, qui doit les conduire sur des sites sensibles. Sortis jeudi de 14 jours de quarantaine, les membres de l'équipe ont discuté dans la matinée avec des scientifiques chinois avant de se rendre dans un hôpital de cette ville où la pandémie a démarré fin 2019.
Extremely important 1st site visit. We are in the hospital that treated some of the first known cases of COVID-19, meeting with the actual clinicians & staff who did this work, having open discussion about the details of their work. https://t.co/yDEPedtC11
— Peter Daszak (@PeterDaszak) January 29, 2021
Samedi, les experts de l'OMS se sont rendus dans le premier hôpital à avoir accueilli des malades du Covid-19, au deuxième jour de leur enquête de terrain sur l'origine du coronavirus. L'OMS a confirmé jeudi que la dizaine d'enquêteurs irait bien au désormais célèbre Institut de virologie de Wuhan - équipé de laboratoires P3 et P4 de haute sécurité - qui manipulait notamment des coronavirus. Dès le début de la pandémie, l'établissement a fait l'objet d'hypothèses, reprises par l'administration de l'ex-président américain Donald Trump, selon lesquelles le virus aurait pu s'en échapper avant de contaminer la planète. Une théorie qui ne s'appuie pour l'instant sur rien de tangible.
Durant leur séjour, qui pourrait durer quelques semaines, les experts se rendront également au marché Huanan, premier foyer de l'épidémie où étaient notamment vendus des animaux sauvages vivants. Il est fermé depuis janvier 2020.
La situation aux États-Unis s'améliore grâce à la prévention et à l'immunité
Depuis deux semaines, la tendance est claire : les nouveaux cas de Covid-19 et les hospitalisations baissent aux États-Unis, même si le nombre total de cas positifs quotidiens est bien plus important qu'à l'été. Selon les experts, les raisons de cette amélioration vont du respect des gestes barrières (port du masque, distanciation physique) au fait que la période des fêtes, favorable aux rassemblements, est loin. Mais la situation reste précaire et un assouplissement trop rapide des restrictions pourrait faire vaciller l'équilibre actuel, et provoquer un nouveau pic de l'épidémie qui a déjà tué plus de 430.000 personnes aux Etats-Unis, s'inquiètent les scientifiques.
Plus de 2,2 millions de morts dans le monde
La pandémie a fait plus de 2,2 millions de morts dans le monde depuis fin décembre 2019, selon un bilan établi par l'AFP à partir de sources officielles, samedi à 11H00 GMT. Plus de 102 millions de cas d'infection ont été diagnostiqués.
Les Etats-Unis sont le pays comptant le plus de morts (436.810), suivis du Brésil (222.666), du Mexique (156.579), de l'Inde (154.147) et du Royaume-Uni (104.371).