Après avoir enregistré leur plus faible mobilisation samedi 6 avril, avec 22.300 manifestants en France selon le ministère de l'Intérieur, les "gilets jaunes" étaient à nouveau dans la rue samedi un peu partout en France. L'"acte 22" a été notamment marqué par des tensions à Toulouse, présentée comme la "capitale" de cette journée. 31.000 manifestants ont été recensés en France, dont 5.000 à Paris, selon le ministère de l'Intérieur.
Les infos à retenir :
- Plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées à Toulouse, où des heurts ont éclaté à la mi-journée
- 31.000 manifestants ont été recensés en France dont 5.000 à Paris, selon le ministère de l'Intérieur
- À Lyon, pour la première fois, un périmètre était interdit aux "gilets jaunes"
23 interpellations à Toulouse
Pour ce nouveau week-end, l'appel national de la mobilisation, lancé via les réseaux sociaux, se situait à Toulouse. Non déclarée en préfecture, cette nouvelle manifestation dans le bastion historique du mouvement a réuni au total plusieurs milliers de participants. Surfant sur une forte mobilisation dans cette ville depuis novembre - jusqu'à 10.000 manifestants recensés en janvier -, les "gilets jaunes" se sont vu interdire l'accès à la place du Capitole. Plus de 800 policiers et gendarmes étaient mobilisés dans la ville rose, selon La Dépêche du Midi.
Situation extrêmement tendue #Toulouse#giletsjaunespic.twitter.com/XbPELIP1uF
— Fabrice VALERY (@FabValery) 13 avril 2019
Moins d'une heure après le départ du cortège, de premières images diffusées sur les réseaux sociaux et les chaînes d'information en continu montraient des heurts entre des manifestants ne portant pas systématiquement de "gilets jaunes" et les forces de l'ordre avançant pour réduire le périmètre sur la grande avenue point de départ du rassemblement, faisant usage de gaz lacrymogène et de grenades assourdissantes.
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La préfecture a relevé "la présence d'individus habillés en noir, masqués ou cagoulés, équipés", qui avaient en début d'après-midi "déjà pris à partie les forces de l'ordre avec de multiples jets de projectiles et feux d'artifices". Un engin de chantier et une camionnette ont notamment été incendiées. A 18 heures, le calme était globalement revenu mais avec encore des groupes de manifestants refusant de quitter la rue, et des échauffourées sporadiques.
Selon la préfecture, deux personnes ont été blessées, et en urgence "relative", tandis que 23 personnes ont été interpellées. Parmi les interpellés, "dans le cadre de la loi anti casseurs, plusieurs l'ont été pour dissimulation volontaire de visage", a précisé la préfecture.
"Vous avez vu : tout se passait bien et ils nous gazent", s'est indigné auprès de l'AFP Fly Rider-Maxime Nicolle, une des figures du mouvement, venu en renfort à Toulouse. D'autres figures de la contestation étaient présentes comme Priscilla Ludosky et Eric Drouet. "On a été à Bordeaux, on a vu que les Toulousains étaient là, alors on s'est dit qu'on allait venir soutenir le mouvement à Toulouse", a témoigné auprès d'Europe 1 Rémi, manifestant venu spécialement de La Rochelle. "On essaie d'aller un peu partout parce qu'on n'est pas entendus, et c'est énervant. Si on lâche, on a perdu."
Les manifestants parisiens se rassemblent place de la République
Dans la capitale, les manifestations sur les Champs-Elysées, ses voies perpendiculaires et un périmètre comprenant l'Assemblée nationale et la présidence de la République étaient une nouvelle fois interdites. Vers 15 heures, le cortège parisien , qui s'était élancé de la place de la Nation, "pour la défense du droit de manifester" et "l'abrogation de la loi liberticide", est arrivé place de la République, où il devait rejoindre une marche pour "la liberté de manifester", organisée par plusieurs associations (dont LDH, Amnesty, Attac, Unef, SOS Racisme...) après l'entrée en vigueur jeudi de la loi anticasseurs.
"Urgence climat", "Macron on n'attend rien de vos annonces", "dissolution de l'AN, états généraux citoyens" pouvait-on lire sur les pancartes de tête. Le chef de file des Insoumis Jean-Luc Mélenchon fait notamment partie des manifestants.
Les Gilets Jaunes arrivent sur la Place de la République à Paris. #GiletsJaunes#Acte22#ActeXXII#13Avril#YellowVests#Parispic.twitter.com/K8aLxmyZvg
— Charles Baudry (@CharlesBaudry) 13 avril 2019
Dans la rue pour défendre les libertés publiques et le droit de manifester. #ActeXXIIpic.twitter.com/EDWM7MLIGN
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) 13 avril 2019
La loi anticasseurs instaure notamment un délit de dissimulation du visage dans les manifestations. Partiellement censurée début avril par le Conseil constitutionnel, elle "donne un certain nombre de moyens qui nous permettrons de faire des fouilles renforcées contre les armes par destination dans les 24 heures qui précèdent", a précisé Christophe Castaner, vendredi. Il a rappelé que le fait de se masquer, de cacher son visage "à un moment d'émeute" devient ainsi "un délit passible d'une peine d'un an et de 15.000 euros d'amende".
La situation s'est tendue dans l'après-midi, les forces de l'ordre visées par des jets de bouteille, faisant usage de gaz lacrymogènes. Au total, selon la préfecture les forces de l'ordre ont procédé à 27 interpellations et 9.473 contrôles préventifs.
PARIS - Tensions en cours à #Republique. Gaz lacrymogène utilisé contre projectiles. #GiletsJaunes#ActeXXII#Acte22#13Avril2019#13Avrilpic.twitter.com/MdIU9qySSP
— Clément Lanot (@ClementLanot) 13 avril 2019
D'autres cortèges en régions
Comme chaque semaine depuis le 17 novembre, des manifestations avaient également lieu un peu partout en France. Dans les Pays-de-la-Loire, 250 personnes ont participé à un rassemblement régional à Laval. 500 manifestants étaient également réunis à Roanne, les organisateurs, cités par Le Progrès, évoquant eux plus de 1.000 participants. Un enfant d'une quinzaine d'années a été blessé au visage par des débris de verre, après l'explosion d'un abribus après un jet de pierre.
Manif régionale des Gilets Jaunes à Roanne : le défilé est terminé. Deux incidents constatés : un blessé au visage et une opposition qui a entraîné des tirs de gaz lacrymogènes. Des manifestants stationnent sur la place des Promenades Populle. pic.twitter.com/9xe2qUwTM6
— France Bleu Saint-Étienne Loire (@bleustetienne) 13 avril 2019
A Caen, près de 500 personnes ont battu le pavé, selon Ouest-France, tandis qu'à Nantes, toujours selon le quotidien régional, 700 "gilets jaunes" se sont rendus devant la préfecture. Une personne a été interpellée.
Les événements se sont déroulés dans le calme au Havre, où plus de 300 personnes ont manifesté dans la matinée, rapporte France Bleu, qui décrit une "ambiance festive".
Pour la première fois depuis le début du mouvement à Lyon, un périmètre avait été interdit aux "gilets jaunes". Mais plusieurs cortèges se sont tout de même élancés dans la capitale des Gaules. Réunis à l'initiative de plusieurs associations contre la loi anticasseurs, environ 450 personnes ont manifesté, rapporte Le Progrès. Puis, environ 500 "gilets jaunes" se sont élancés de la place Antonin-Poncet, accompagnés par des motards, avant d'être rejoint par la manifestation syndicale. Quelques accrochages ont eu lieu entre les manifestants et les forces de l'ordre. Trois personnes ont été interpellées, selon le quotidien.
Le cortège s'arrête devant l'hôpital Saint-Joseph avec chants et hurlements de moteurs de motos. pic.twitter.com/MAw69k0ecV
— Le Progrès Rhône (@leprogresrhone) 13 avril 2019
A Bordeaux, bastion historique du mouvement, la mobilisation a continué sa baisse entamée il y a quelques semaines, avec quelques 1.300 "gilets jaunes", selon une source proche du dossier. En début de soirée, un communiqué de la préfecture ne déplorait "aucune dégradation ni destruction matérielle" et précisait qu'il avait été procédé à "six interpellations".
Dans le Nord, 950 personnes ont arpenté les rues de Lille, selon une source policière. Pour la troisième semaine consécutive, les manifestations étaient interdites dans le centre. A l'Est, à Strasbourg, quelque 650 personnes (selon la police) battaient le pavé sous des banderoles proclamant "Macron destitution!", "Frexit+RIC", demandant ainsi la sortie de l'Union européenne pour la France et l'organisation de référendums d'initiative citoyenne. Cinq personnes ont été interpellées, selon les Dernières Nouvelles d'Alsace.