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EN DIRECT - Mayotte : Emmanuel Macron juge «vraisemblable» qu'il y ait «beaucoup plus de victimes» que le bilan actuel

Europe 1 avec AFP - Mis à jour le . 11 min
Emmanuel Macron est arrivé à Mayotte ce jeudi matin.
Emmanuel Macron. AFP / © Ludovic MARIN / POOL / AFP

Emmanuel Macron est arrivé jeudi matin à Mayotte, cinq jours après le passage meurtrier et dévastateur du cyclone Chido, pour constater l'étendue de la catastrophe et apporter son soutien aux Mahorais, qui tentent malgré tout de reprendre leur vie. Suivez notre direct.

Emmanuel Macron a annoncé jeudi à Mayotte qu'il passerait la nuit dans l'archipel français de l'océan Indien dévasté par le cyclone Chido, afin de se rendre vendredi dans des zones plus éloignées du chef-lieu, Mamoudzou. "J'irai dans les bangas demain matin", a dit le président au sujet de ces habitats précaires où vivait près du tiers de la population avant le cyclone et qui ont été largement détruits. Il doit aussi atteindre des zones plus loin dans les terres, a précisé l'Elysée.

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Les informations à retenir :

  • Emmanuel Macron est arrivé jeudi matin à Mayotte.
  • Quatre tonnes d'aide alimentaire et sanitaire ont été acheminées dans l'avion du chef de l'État.
  • Emmanuel Macron a survolé l'île en hélicoptère et s'est rendu au centre hospitalier de Mamoudzou.
  • Le président veut "rebâtir" Mayotte et "renforcer la lutte contre l'immigration clandestine"
  • Emmanuel Macron décrète un deuil national le 23 décembre.
  • Le gouvernement a décrété jeudi le blocage des prix des produits de grande consommation.
  • Le ministère des Outre-mer a annoncé mercredi soir l'activation de "l'état de calamité naturelle exceptionnelle".
  • Selon des chiffres provisoires, 31 morts et 1.400 blessés ont été officiellement recensés.

 

François Bayrou appelle à une reconstruction rapide, "peut-être" en "deux ans"

Le Premier ministre François Bayrou a espéré jeudi que la reconstruction de Mayotte, dévastée par un cyclone, puisse se faire dans des délais "brefs", "peut-être deux ans", une tâche qui sera "surhumaine".

"Je pense qu'il faut se fixer un délai beaucoup plus bref que les cinq années" de la reconstruction de Notre-Dame, une comparaison faite par Emmanuel Macron depuis Mayotte, a indiqué François Bayrou sur France 2. "Je dis peut être deux ans. J'espère qu'on y arrivera. C'est une tâche surhumaine, immense", a-t-il ajouté.

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Emmanuel Macron juge "vraisemblable" qu'il y ait "beaucoup plus de victimes" que le bilan actuel

Emmanuel Macron a averti jeudi à Mayotte que le nombre de victimes du cyclone Chido serait "vraisemblablement" très supérieur aux 31 morts recensés pour l'heure.

"Il est vraisemblable qu'il y ait beaucoup plus de victimes" que les 31 "officiellement décomptées à date", a-t-il dit devant la presse. "On va pouvoir identifier (...) des victimes supplémentaires, leur mettre un nom, pouvoir, leur rendre hommage" grâce à la mission de recensement mise en place par le préfet auprès des maires et des autorités religieuses, a-t-il ajouté.

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Les coûts pris en charge par les assurances estimés entre 650 et 800 millions d'euros

Les coûts des dégâts causés par le passage du cyclone Chido à Mayotte pris en charge par les assurances ont été estimés jeudi entre 650 et 800 millions d'euros par le réassureur public français, la Caisse centrale de réassurance (CCR).

Seuls 6% des particuliers à Mayotte disposent d'une assurance habitation, a précisé la CCR dans un communiqué, ajoutant qu'il s'agissait d'une première estimation qui pourrait "être réévalué(e)".

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Le président veut augmenter les reconduites de personnes en situation irrégulière

Emmanuel Macron a affirmé jeudi à Mayotte qu'il fallait augmenter le nombre de reconduites à la frontière d'étrangers en situation irrégulière depuis le département ultramarin, pour passer de 25.000 à 35.000, 40.000 par an. "Si on veut être efficace il faut y mettre les moyens", a déclaré le chef de l'Etat lors d'un échange avec les élus de l'archipel français de l'océan Indien, soumis à une importante immigration depuis les Comores voisines.

Emmanuel Macron promet "une loi spéciale" pour faciliter la reconstruction

Emmanuel Macron a promis jeudi à Mayotte une "loi spéciale" pour faciliter la reconstuction de l'archipel, dévasté par le cyclone Chido. On va "bâtir avec le ministre (des Outre-mers) une loi spéciale parce qu'on ne peut pas le faire avec les instruments" actuels, a-t-il dit lors d'une rencontre avec des élus à Mamoudzou. "On a su le faire pour organiser des Jeux olympiques (...) pour rebâtir Notre-Dame de Paris et donc on le fera pour rebâtir Mayotte", a-t-il ajouté, évoquant notamment la nécessité de pouvoir "déroger aux règles".

Deuil national le 23 décembre

Emmanuel Macron a annoncé un "deuil national pour ce lundi 23 décembre", neuf jours après le passage dévastateur et meurtrier du cyclone Chido à Mayotte. "Nous partageons tous la peine des Mahorais", a dit le chef de l'Etat sur X. "Nos drapeaux seront en berne. Tous les Français seront invités à se recueillir à 11 heures", a-t-il ajouté depuis l'archipel français de l'océan Indien.

Toutes les communes devraient être approvisionnées en eau et nourriture "d'ici dimanche soir", selon le président Macron 

Emmanuel Macron a assuré jeudi à Mayotte que "l'objectif" était d'approvisionner toutes les communes de l'archipel touchées par l'ouragan Chido en eau et nourriture "d'ici dimanche au plus tard".

"L'objectif qui est le nôtre c'est d'avoir atteint toutes les communes en eau et en alimentation d'ici dimanche soir au plus tard", a-t-il dit lors d'un échange avec des élus, en précisant qu'il serait procédé pour cela à des "largages par hélicoptères".

Au Mozambique, le bilan s'élève à 73 morts

Le cyclone Chido a provoqué la mort d'au moins 73 personnes au Mozambique, selon un bilan actualisé diffusé jeudi par l'Institut national de gestion des risques et désastres de ce pays d'Afrique australe. En plus de provoquer près de 550 blessés, la dépression a complètement détruit presque 40.000 habitations de ce pays parmi les plus pauvres de la planète, d'après ce nouveau bilan.

Près de 330.000 personnes sont affectées par cette catastrophe naturelle dans l'Etat lusophone, principalement dans la province de Cabo Delgado, dans le nord, où l'on dénombre 66 des personnes tuées. La dépression, bien qu'ayant perdu en intensité en s'enfonçant dans les terres, a poursuivi lundi sa course 500 kilomètres plus loin jusqu'au Malawi, où les autorités y avaient enregistré mercredi 13 décès en lien avec la tempête.

Macron veut "rebâtir" Mayotte avec de nouveaux "critères" et "renforcer la lutte contre l'immigration clandestine"

Le président Emmanuel Macron a déclaré vouloir "rebâtir" l'archipel et "renforcer la lutte contre l'immigration clandestine". "Il faut que tout le monde accepte qu'en termes de compétences et de règles on change les choses", a-t-il dit à des journalistes à Mamoudzou. Et "renforcer la lutte contre l'immigration clandestine, en même temps qu'on rétablit évidemment les écoles, on reconstruit l'habitat, on reconstruit l'hôpital, etc...", a-t-il ajouté.

Aussi, Emmanuel Macron a rejeté jeudi les accusations de "démission" de l'Etat à Mayotte face aux dévastations causées par l'ouragan Chido et annoncé que les non-assurés bénéficieraient d'une indemnisation. "Je ne peux pas laisser dire (...) que l'Etat aurait ici démissionné", a-t-il lancé en découvrant les dégâts dans un quartier de Mamoudzou, chef-lieu du département. "On va mettre en place un fonds d'indemnisation pour accompagner ceux qui ne sont pas assurés", a-t-il ajouté, sans en préciser l'abondement.

Selon le porte-parole des Affaires étrangères, la France a activé le mécanisme de protection civile de l'Union européenne.

Un hôpital de campagne acheminé à Mayotte

Un avion cargo doit acheminer à Mayotte un hôpital de campagne ainsi que des moyens d'hébergement d'urgence, tandis que le pont aérien et maritime militaire vers l'archipel meurtri par le cyclone Chido monte en puissance, a annoncé jeudi l'état-major des armées. Un avion Antonov-124 affrété par l'armée de l'Air "va décoller aujourd'hui (de métropole) pour arriver demain à Mayotte", a affirmé à la presse le colonel Guillaume Vernet, porte-parole de l'état-major.

A son bord, un hôpital de campagne, qui une fois déployé représente une surface de "près de deux terrains de tennis". L'installation, qui sera mise en oeuvre par la sécurité civile, comprend des lits d'hospitalisation, "une capacité chirurgicale, une capacité d'accueil d'urgence et une capacité de soins", a-t-il détaillé. L'Antonov-124 emporte par ailleurs du "fret de première urgence et notamment de capacités d'hébergement de 5 fois 150 places" ainsi que les équipements d'hygiène associés, a-t-il ajouté.

Macron interpellé dès son arrivée par les habitants

"S'il vous plaît, ne partez pas trop vite ! Donnez des aides!" : dès son arrivée jeudi matin à Mayotte, cinq jours après le passage dévastateur du cyclone Chido, Emmanuel Macron a été interpellé par des habitants meurtris et désespérés de l'archipel français de l'océan Indien.

"Tout se fera, étape par étape", promet Emmanuel Macron

"Restez une semaine ! Passez par tous les coins. Mayotte, y a rien qui reste. Tout est parti", le supplie en larmes Assane Halo, employée à la sûreté de l'aéroport de Petite-Terre où le chef de l'État a atterri. "On n'a rien. Pas d'eau. Rien pour s'abriter (...) On ne peut payer qu'en liquide, qu'est ce qu'on va manger?", demande-t-elle, pointant aussi l'urgence de rétablir l'électricité et l'approvisionnement en essence. "Donnez des aides. Des solutions mais des solutions qui aboutissent", le prie-t-elle encore. "Nos maisons sont détruites. Nos enfants sont traumatisés, on a besoin que les assurances jouent le jeu", insiste Mme Halo.

"Tout se fera, étape par étape", lui promet Emmanuel Macron, la main sur l'épaule. "Mahorais, on va se relever ensemble", avait-il assuré à son arrivée, quelques instants auparavant, sur X.

Le président a survolé l'île en hélicoptère

Le président est ensuite monté dans un hélicoptère de la gendarmerie pour se rendre compte de l'étendue de la dévastation dans le 101e et plus pauvre département français. Environ un tiers de la population, soit plus de 100.000 habitants, notamment des immigrés en situation irrégulière venant des Comores voisines, vivent dans des logements précaires, dont la plupart ont été pulvérisés par le cyclone.

Au même moment, le convoi présidentiel qui quittait l'aéroport était hué en passant devant une station-essence où s'était formée une très longue file d'attente. "C'est fou, on avait jamais vu ça, on a l'impression que l'État a complètement sous estimé l'ampleur" de la catastrophe, relève un policier mahorais sous couvert d'anonymat.

"Tous les moyens sont concentrés sur Petite-Terre et Mamoudzou (sur Grande-Terre), le reste de l'île est encore coupé du monde", ajoute-t-il. Dans le nord, où il a pu aller voir ses parents mercredi, "ils n'ont vu aucun secours arriver".

Le gouvernement a décrété jeudi le blocage des prix des produits de grande consommation

Face à la pénurie généralisée qui sévit, le gouvernement a publié un décret pour bloquer les prix des produits de grande consommation dans l'archipel à leurs niveaux du 13 décembre, juste avant le cyclone. Sont concernés les produits comme l'eau minérale, les produits alimentaires et boissons, les piles, mais aussi les produits d'hygiène de base, du quotidien et dédiés à la construction ainsi que les aliments pour les animaux.

Selon des chiffres provisoires, 31 morts et quelque 1.400 blessés ont été officiellement recensés, mais les autorités craignent un bilan beaucoup plus lourd. Le préfet a donc diligenté "une mission de recherche des morts", selon le ministère de l'Intérieur qui souligne que "70% des habitants ont été gravement touchés".

Emmanuel Macron s'est rendu au centre hospitalier de Mamoudzou

Après la reconnaissance aérienne, Emmanuel Macron s'est rendu au centre hospitalier de Mamoudzou (CHM), où les vitres ont été soufflées, des services inondés et du matériel détruit. "On veut de l'eau !", l'interpelle un agent hospitalier. "Mr le président, on est tous insécurisés. Les gens se battent pour avoir un peu d'eau. Les avions militaires sont pas arrivés ici", renchérit une femme.

Le chef de l'État, qui a revêtu un foulard mahorais, échange avec eux. "Je vais voir s'il faut envoyer plus de gens" pour acheminer de l'eau, dit-il. "La téléphonie va être rétablie dans les prochains jours" pour permettre notamment de recenser les disparus, ajoute-t-il concédant que "beaucoup" n'ont pas encore pu l'être.

"Il y des bâtiments publics et même privés qui ont tenu. Quand c'est bien construit, quand les gens avaient des permis, même dans l'oeil du cyclone avec des vents à 220 km/h, ça a tenu", a relevé de son côté à l'AFP le ministre démissionnaire des Outre-mer François-Noël Buffet.

Emmanuel Macron se rendra "dans un quartier détruit, au contact des services de secours" mobilisés

Emmanuel Macron se rendra ensuite "dans un quartier détruit, au contact des services de secours" mobilisés depuis le cyclone le plus intense à s'abattre sur Mayotte depuis 90 ans. Le territoire ultramarin a été ravagé par des vents à plus de 220 km/h, détruisant les quartiers les plus défavorisés. "C'était comme un rouleau compresseur qui a tout écrasé", décrit Nasrine, une enseignante mahoraise qui ne donne pas son nom, tout en faisant visiter son quartier de La Vigie, dans la commune de Pamandzi.

Grâce à l'entraide et la débrouille, le paysage de désolation du début a déjà changé. Mais dans les quartiers les plus touchés, comme Kawéni, le plus grand bidonville de France en périphérie de Mamoudzou, le risque est fort de voir les logements précaires, souvent faits de tôle, se reconstituer à l'identique à la va-vite pour faire face à la saison des pluies qui arrive.

"L'état de calamité naturelle exceptionnelle" activé

Le ministère des Outre-mer a annoncé mercredi soir dans un communiqué l'activation de "l'état de calamité naturelle exceptionnelle", censé "permettre une gestion plus rapide et efficace de la crise et faciliter la mise en place de mesures d'urgence". Un tiers de la population, soit plus de 100.000 habitants, notamment des immigrés en situation irrégulière venant des Comores voisines, vivent dans l'habitat précaire mahorais.

L'aide a commencé à parvenir dans l'archipel, où les défis de l'approvisionnement sont immenses, notamment en eau et en produits de première nécessité. Dès mercredi, plus de 100 tonnes de vivres devaient être distribuées.

"On passe à la phase massive du soutien à Mayotte", a aussi déclaré Patrice Latron, le préfet de La Réunion, île d'où les autorités ont lancé un "pont maritime civil" qui devait démarrer dans la nuit de mercredi à jeudi avec le départ de quelque 200 conteneurs attendus dimanche sur l'archipel.

Emmanuel Macron devrait préciser le "deuil national" qu'il a l'intention de décréter

Enfin, le président de la République doit "échanger sur la situation de l'île avec les élus", avant de repartir pour Djibouti, où il doit partager vendredi, comme prévu initialement, le traditionnel repas de Noël avec les militaires français déployés à l'étranger. Emmanuel Macron devrait préciser le "deuil national" qu'il a l'intention de décréter, et commencer à esquisser le titanesque chantier de la reconstruction.

Son Premier ministre François Bayrou, critiqué pour avoir privilégié lundi le conseil municipal de sa ville de Pau en pleine crise mahoraise, a depuis assuré qu'il se rendrait lui aussi sur place après le chef de l'État, et une fois qu'il aura composé son gouvernement, "pour mobiliser la totalité des moyens de l'État". Il a évoqué mercredi "la catastrophe naturelle la plus grave de l'histoire de France depuis plusieurs siècles".