À l'appel de l'intersyndicale, les Français opposés à la réforme des retraites ont de nouveau défilé dans les rues partout en France ce jeudi dans le cadre d'une 12e journée de mobilisation interprofessionnelle. Des manifestations qui interviennent à la veille de la décision du Conseil constitutionnel qui doit valider, invalider la réforme ou bien censurer seulement une partie. Mais les chiffres dévoilées en fin de journée ont révélé un net recul de la participation avec seulement 380.000 manifestants partout en France selon le ministère de l'Intérieur et 1 million selon la CGT.
Les principales informations
- Une 12e journée de mobilisation interprofessionnelle contre la réforme des retraites a eu lieu ce jeudi
- La participation était en baisse par rapport à jeudi dernier avec seulement 380.000 manifestations dans tout le pays selon le ministère de l'Intérieur
- Des manifestations qui interviennent à la veille de la décision très attendue du Conseil constitutionnel
- Ce jeudi a également marqué le retour du mouvement de grève chez les éboueurs parisiens
6.200 manifestants à Bordeaux selon la préfecture
Là-aussi, les chiffres sont en baisse par rapport à la dernière journée de mobilisation. Pas de quoi démotiver Clément, interrogé au micro d'Europe 1. "On est toujours là, oui. Et là je suis en vacances mais même en vacances, je viens manifester. C'est une question réellement politique. Et là, on vole deux années de vie à l'ensemble des salariés et des travailleurs. Donc oui, c'est une réforme contre laquelle il faut se battre", estime-t-il. Même son de cloche chez Sébastien, 50 ans. "Moi, je suis préparateur en pharmacie à l'hôpital. J'ai commencé dans les années 90 et les conditions de travail se dégradent de plus en plus. Franchement, on arrivera pas à faire deux ans de plus".
"J'espère d'autres manifestations"
Dans le cortège parisien, où les CRS ont dû utiliser une quantité importante de gaz lacrymogène au moment de la dispersion, plusieurs manifestants ont exprimé au micro d'Europe 1 leur détermination à poursuivre la mobilisation. "J'espère d'autres manifestations. Peut-être pas avec des grèves, mais sur un week-end", estime l'un d'entre eux. Un autre participant reconnaît que le mouvement "s'essoufle" et indique qu'il suivra les consignes de l'intersyndicale. "De toute façon il fallait le faire jusqu'aujourd'hui. Après on verra. Si l'intersyndicale ne lâche rien, on lâchera rien".
Pour Cléo, la vague contestataire pourrait même se radicaliser dans les prochains jours. "Si la décision (du Conseil constitutionnel) est défavorable, ça va péter. Ça va être terrible si le Conseil constitutionnel se rattache à une réforme qui est impopulaire. J'espère qu'on saura leur faire entendre encore plus notre volonté".
380.000 manifestants en France selon le ministère de l'Intérieur, 1 million selon la CGT
Le ministère de l'Intérieur a recensé 380.000 manifestants partout en France ce jeudi. La mobilisation marque le pas pour la troisième journée d'action consécutive, selon les autorités. Le 6 avril, 570.000 personnes s'étaient mobilisées en France, dont 57.000 à Paris, selon la place Beauvau. De son côté, la CGT évoque le chiffre d'1 million d'opposants au projet dans les rues. Il s'agit de la plus faible participation revendiquée par le syndicat depuis le début du mouvement social, comme lors de la journée du samedi 11 mars.
Rassemblements interdits depuis 18h devant le Conseil constitutionnel
Conséquence d'un arrêté demandé par le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, les opposants à la réforme des retraites ont l'interdiction de s'approcher du Conseil constitutionnel, situé dans le Ier arrondissement.
131 manifestations, blocages et rassemblements attendus vendredi
Selon une note du renseignement territorial qu'Europe 1 s'est procurée, 131 manifestations, blocages et rassemblements sont anticipés dans la soirée de vendredi, dans la foulée de la décision du Conseil constitutionnel. 41.000 personnes pourraient se mobiliser.
36 interpellations à 18h à Paris
Selon des sources policières, 36 personnes ont été interpellées ce jeudi dans la capitale. Des tensions continuent d'émailler la manifestation sur la place de la Bastille où la Banque de France a été prise pour cible. 10 policiers ont également été blessés.
42.000 manifestants à Paris selon la préfecture, 400.000 selon la CGT
Un total de 42.000 personnes ont manifesté jeudi à Paris pour la 12e journée de mobilisation contre la réforme des retraites, à la veille de la décision du Conseil constitutionnel, a indiqué la préfecture de police. Un chiffre en baisse pour la troisième fois consécutive. Lors de la précédente mobilisation du 6 avril, 57.000 personnes avaient défilé dans la capitale, selon la préfecture. La CGT a de son côté recensé 400.000 manifestants, comme la semaine dernière.
Tensions entre manifestants et forces de l'ordre
Des heurts entre manifestants et forces de l'ordre ont éclaté à 16 heures ce jeudi après midi dans la rue de Rivoli, située dans le Ier arrondissement, à quelques centaines de mètres du Conseil constitutionnel. Et se sont poursuivies aux alentours de 17h30 aux abords de la place de la Bastille, point d'arrivée de la manifestation parisienne.
Le cortège rassemblé aux abords du Conseil constitutionnel
Partis de la place de l'Opéra à 14 heures, le cortège de manifestants contre la réforme des retraites s'est rassemblée aux abords du Conseil constitutionnel, ce jeudi 13 avril. Les forces de l'ordre restent à proximité de la manifestation afin d'éviter tous débordements, alors que de nombreux départs de feux ont déjà été enregistrés depuis le début de cette 12e journée de mobilisations.
"Le combat syndical est loin d'être terminé", selon Laurent Berger
Le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, a affirmé jeudi que le combat syndical contre la réforme des retraites était "loin d'être terminé", se projetant vers de "grandes manifestations populaires le 1er mai". "Contrairement à ce qu'espère le gouvernement, le mouvement est loin d'être fini", a renchéri à ses côtés la numéro un de la CGT Sophie Binet, réaffirmant, peu avant le départ du cortège parisien, que le président "ne peut pas gouverner le pays tant qu'il ne retire pas cette réforme".
"Le Conseil constitutionnel va statuer demain, nous comptons sur la sagesse des juges (...) pour ne pas valider cette loi en l'état et après, ce sera la responsabilité du président de la République", a-t-elle poursuivi, mettant en avant une détermination à obtenir la "non-promulgation" de la réforme. Interrogée sur les propos de la veille d'Emmanuel Macron promettant aux syndicats un "échange qui permettra d'engager la suite et de tenir compte" du verdict du Conseil, elle a lancé : "j'avais envie de dire 'LOL'".
Des grévistes présents au siège parisien de LVMH
Des cheminots et travailleurs de la santé, de l'éducation et d'autres secteurs en grève contre la réforme des retraites ont envahi brièvement jeudi le siège parisien du géant du luxe LVMH avec fumigènes et sifflet, a constaté un journaliste de l'AFP. Partis d'une assemblée générale interprofessionnelle à Gare de Lyon, plus de 400 grévistes ont pris le métro pour cette action surprise, à la prestigieuse adresse du 22 avenue Montaigne, près des Champs Elysées, un lieu symbolique une semaine après une action similaire contre un symbole de la finance, BlackRock.
Ils ne sont toutefois pas entrés dans la boutique Louis Vuitton voisine. "La rue, elle est à nous", ont scandé devant l'immeuble les manifestants, dont de nombreux sont rentrés dans le siège avant d'en repartir au bout d'une dizaine de minutes, sans heurts avec les vigiles. Des fumigènes rouges ont pendant quelques minutes inondé le hall d'entrée. Les manifestants ont repris le slogan "de l'argent, il y en a, dans les poches du patronat" ou alors "et on ira jusqu'au retrait" et "anti, anti, anti-capitaliste". Plusieurs manifestants ont collé des autocollants dans le hall de LVMH mais nombre d'entre eux appelaient également à ne pas commettre de dégradation.
La figure des gilets jaunes Jérôme Rodrigues était également présent à l'AG de départ. "On touche à notre démocratie. On se prend des 47.1, des 49.3 qui nous montrent que la démocratie ne va que dans le sens des puissants. Le combat doit aller au-delà des retraites", a-t-il lancé. La semaine dernière, des militants SUD-Rail et CGT avaient envahi pendant une vingtaine de minutes un immeuble du 2e arrondissement parisien où se trouvent notamment les bureaux de BlackRock, le plus grand gestionnaire d'actifs au monde.
"Je mérite ma retraite"
À Bordeaux, les manifestants sont au rendez-vous pour cette 12e journée de mobilisation contre la réforme des retraites. La pluie qui guette ne décourage pas Jean-Louis, agent d'entretien dans une grande surface. Il a commencé à travailler dès l'adolescence : "Je serais là jusqu'à la fin même s'il y a 20 ou 30 manifestations. J'ai 59 ans et je mérite ma retraite. En commençant à 13 ans, j'aurais dû partir à 60 ans mais là c'est 63 ans", explique-t-il au micro d'Europe 1.
Daniel, 59 ans, est employé depuis 37 ans sur une chaîne d'assemblage dans une usine de pièces automobiles de l'agglomération bordelaise. "Je continuerais à participer tant qu'il le faudra. Si on part à 64 ans et qu'on dit amen, dans deux ans, rien ne l'empêche de mettre la retraite à 67 ou 70 ans. Si nous devons travailler jusque là, comment voulez-vous que les pauvres jeunes qui arrivent sur le marché puissent commencer à trouver du travail ? Pour eux, ce sera plus 65 ou 70 ans mais 80 ans. On va jusqu'au cercueil ?"
Perturbations modérées dans les transports
Le trafic s'annonce quasi-normal ce jeudi du côté des métros, bus, tramways et RER exploités par la RATP. La SNCF annonce de son côté quelques perturbations sur son réseau francilien tandis que 3 TGV sur 4, 3 TER sur 5 devraient rouler normalement. Situation bien plus complexe, en revanche, pour les intercités avec seulement 1 train sur 5 en circulation. Tout le détail des prévisions à retrouver dans cet article.
Nouvelle grève reconductible des éboueurs parisiens à compter de ce jeudi
La CGT a annoncé ce mercredi un "acte 2" de la grève des éboueurs par le biais de sa filière déchets et assainissements, toujours en contestation à la réforme des retraites. Une décision nécessaire pour le syndicat qui explique qu'une "grande majorité" du personnel de propreté "a une espérance de vie de 12 à 17 ans de moins que l'ensemble des salariés de France".
Autour de 5% d'enseignants grévistes, selon le ministère
Autour de 5% d'enseignants sont en grève jeudi dans les académies qui ne sont pas en vacances, dans le cadre de la 12e journée de mobilisation contre la réforme des retraites, a indiqué le ministère de l'Education.
Sur les 4,66% d'enseignants grévistes en moyenne, le ministère a recensé dans le détail une participation de 4,13% dans le premier degré (écoles maternelles et élémentaires) et 5,19% dans le secondaire (collèges et lycées). Pour cette douzième journée de mobilisation, les syndicats n'ont pas donné d'estimation de grévistes, en raison des vacances scolaires dans la zone A (académies de Besançon, Bordeaux, Clermont-Ferrand, Dijon, Grenoble, Limoges, Lyon et Poitiers), qui rendent les chiffres difficilement comparables selon eux.
Pour la précédente journée de mobilisation jeudi dernier, 7,97% d'enseignants étaient grévistes, selon le ministère. Le taux de grévistes le plus élevé chez les enseignants date du 19 janvier, lors de la première journée d'action, avec 42,35% dans le primaire et 34,66% dans le secondaire, selon les chiffres du ministère. Ce jour-là, les syndicats avaient eux recensé jusqu'à 70% d'enseignants grévistes dans le primaire et 65% dans les collèges et lycées.