Sept syndicats de fonctionnaires ont appelé à se mobiliser : ce jeudi, les agents de l'État ont battu le pavé un peu partout en France pour protester contre le projet gouvernemental de réforme de la fonction publique, dont la discussion et le vote sont prévus au Parlement cet été. Des défilés ont eu lieu à Paris, mais aussi à Marseille, Nice, Lyon ou Saint-Nazaire.
Les informations à retenir
- 108.900 manifestants selon l'Intérieur, et 250.000 selon la CGT ont défilé jeudi contre la réforme de la fonction publique
- Plusieurs dizaines milliers de personnes ont manifesté en région, notamment à Marseille, Lyon, Nantes, Nice et Strasbourg
- Le cortège parisien a réuni entre 18.000 et 30.000 manifestants
Entre 18.000 et 30.000 manifestants à Paris
À Paris, le ministère de l'Intérieur a décompté 18.000 personnes et la CGT 30.000 personnes. La manifestation a rassemblé tous les leaders des grandes centrales syndicales : Philippe Martinez (CGT), Laurent Berger (CFDT), Yves Veyrier (FO) et Laurent Escure (Unsa). "Un fait rare" qui "devrait alerter le gouvernement", selon Philippe Martinez.
#9mai : #grève unitaire dans la #FonctionPublique#manifestation à #Paris avec la #FSUpic.twitter.com/fqRWE6vX1p
— FSU 93 (@93Fsu) 9 mai 2019
Entre 108.900 et 250.000 personnes dans les rues sur toute la France
Le ministère de l'Intérieur a comptabilisé 108.900 manifestants sur tout le territoire, contre 250.000 pour la CGT. Lors de la dernière manifestation unitaire, le 22 mai 2018, le ministère avait compté 139.000 manifestants, la CGT "plusieurs centaines de milliers".
Marseille a ouvert cette journée avec 3.000 personnes sur la Canebière, selon un décompte syndical. À Lyon, ils étaient 3.300 selon la préfecture, 5.300 pour l'intersyndicale, et presque autant à Nantes (3.000 pour la police, 4.000 selon les organisateurs) où enseignants, employés des finances publiques, personnels de la fonction hospitalière soutenus par quelques "gilets jaunes" ont manifesté.
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— Jean-Marie Godard (@jeanmgodard) 9 mai 2019
À Strasbourg, plus d'un millier de personnes ont défilé, selon les Dernières nouvelles d'Alsace. Entre 900 et 1.000 manifestants ont marché jeudi matin à Nice, avec des incidents en fin de cortège, aux alentours de midi. Plusieurs personnes ont été interpellées, d'après Nice matin. Entre 2.800 (préfecture) et 8.000 (CGT) personnes se sont rassemblées à Toulouse.
À Grenoble (entre 1.000 et 2.000 personnes), comme à Clermont-Ferrand (1.600, selon la préfecture), des pancartes invitaient à "chasser Macron" ou à le "licencier", et "sans indemnités". À Valence, les manifestants ont déposé symboliquement 30 tentes et cartons devant l'hôpital pour dénoncer la fermeture de lits.
18% de grévistes dans le primaire, le trafic aérien perturbé
Quid des chiffres de la mobilisation ? Le ministère de la fonction publique a fait état de 3,3% de grévistes dans la fonction publique territoriale (contre 6,5% le 22 mai 2018), 4% dans l'hospitalière (contre 7,5%) et 11,4% dans la fonction publique d'État (contre 10,3%). Chez les enseignants, le ministère indiquait 17,59% de grévistes dans le primaire et 11,68 % dans le secondaire. Au ministère de la Culture on dénombrait "jusqu'à 90% de grévistes sur certains sites", selon l'Intersyndicale.
La grève a également impacté le trafic aérien. La direction générale de l'aviation civile (DGAC) a demandé aux compagnies de réduire, en vue du mouvement social, de 30% le nombre de leurs vols court-courrier au départ de Paris-Charles de Gaulle, Orly, Lyon, Marseille et Toulouse. Des perturbations ont par ailleurs été annoncées sur l'antenne de France 3 Corse et des retards sur les vols de Air Corsica, en lien avec le mouvement.
Les syndicats vent debout contre la réforme de la fonction publique
Les neuf syndicats de la fonction publique (CGT, CFDT, FO, FSU, Solidaires, Unsa, FA-FP, CFE-CGC, CFTC), représentant les 5,5 millions d'agents publics, dénoncent une réforme à "la portée très grave". Le projet de loi sera au menu de l'Assemblée nationale à compter de lundi en première lecture. Le gouvernement souhaite le faire adopter avant l'été pour entrer en vigueur au 1er janvier 2020. Il s'inscrit dans un objectif de suppression de 120.000 postes d'ici à 2022.
Les syndicats ont prévenu que cette journée ne serait "qu'une étape" d'une mobilisation "dans la durée" pour "dire non" au projet de loi, et demander au gouvernement qu'il "ouvre enfin des négociations sur de nouvelles bases". Le secrétaire d'État Olivier Dussopt leur a opposé jeudi matin sur Cnews une fin de non-recevoir, confirmant qu'il n'y aurait ni retrait, ni renégociation de cette réforme "attendue par les agents" selon lui.