Après avoir inauguré vendredi, dans les Vosges, en compagnie du président allemand, Frank-Walter Steinmeier, un "Historial" de la Grande guerre, Emmanuel Macron a visité samedi 11 novembre le musée Georges Clemenceau à Paris, dans le cadre des commémorations de l'armistice de 1918. Une visite culturelle avant de poursuivre le programme sur les Champs-Élysées, que le chef de l'État a remontés en voiture, escorté par la Garde républicaine. Enfin, place de l'Étoile, il a passé en revue les troupes, déposé une gerbe sur la tombe du Soldat inconnu et rendu hommage aux soldats morts pour la France en 2017, en présence notamment de François Hollande et Nicolas Sarkozy.
Les trois infos à retenir :
- Emmanuel Macron a présidé la cérémonie de commémoration de l'armistice de 1918
- Le président a visité le musée Georges Clemenceau puis a déposé une gerbe sur la tombe du Soldat inconnu
- Six mois après la cérémonie du 8-Mai, Macron s'est à nouveau affiché aux côtés de Hollande
Hommage à Georges Clemenceau
Le président de la République a débuté cette journée de commémorations en inaugurant une plaque à l'intérieur du musée Georges Clemenceau pour marquer la rénovation d'une galerie dédiée au "Tigre". Le passage d'Emmanuel Macron par ce musée n'est pas anodin. Il coïncide avec le centenaire du retour au pouvoir du "Tigre" le 16 novembre 1917, un "Tigre" dont on a bien senti qu'Emmanuel Macron voulait défendre l'héritage. "Clemenceau symbolise un moment important après une année terrible en 1917. Les peuples sont fatigués. Après l'offensive ratée du Chemin-des-Dames, il y a des grèves, des doutes", rappelle Joseph Zimet, directeur de la mission Centenaire 14-18, invité de la matinale d'Europe 1. "Clemenceau apporte un renouveau et confère l'énergie nécessaire pour fournir l'ultime effort, alors que les Français ont déjà tellement donné. Clemenceau, c'est le dernier sursaut de la Nation."
L'année 2018, qui marque le centenaire de la fin de la Grande Guerre, sera dédiée à Clemenceau avec plusieurs événements prévus. Après cette visite de trois quarts d'heure, Emmanuel Macron s'est rendu place Clemenceau, dans le 8ème arrondissement, pour un moment de recueillement devant la statue du "Père la Victoire". Puis il a passé de longues minutes auprès des familles de victimes du premier conflit mondial.
Les Armées honorées
Sous un ciel gris et une pluie fine, Emmanuel Macron a ensuite pris la direction de l'Arc de Triomphe pour honorer les sacrifices de l'Armée française. Accompagné du général François Lecointre, chef d'État major des armées, du Premier ministre Édouard Philippe et de la ministre des Armées Florence Parly, le président a passé en revue les troupes en faisant le tour de la place de l'Étoile. Puis le président s'est recueilli en silence devant la tombe du Soldat inconnu. Le visage grave, il a déposé une gerbe de fleurs et a ravivé la flamme qui brûle continuellement sur la tombe de ce soldat anonyme de deuxième classe. Puis, toujours en silence, Emmanuel Macron a honoré les cinq soldats français tués lors d'opérations pour la France en 2017.
Cet hommage solennel était très attendu alors que le début de mandat d'Emmanuel Macron a été marqué par la démission polémique en juillet du chef d'État major Pierre de Villiers, remplacé par François Lecointre. Ce dernier a livré ses premiers mots officiels, sur France 2, se voulant rassurant sur la relation du président avec l'Armée française. "J'ai une relation de pleine confiance avec le chef de l'État. Il est très impliqué, il montre un intérêt prononcé pour les opérations et l'avenir des armées et des hommes qui les composent", a assuré François Lecointre.
Une cérémonie politique mais pas trop
Cette cérémonie de commémorations a réuni de nombreux hommes et femmes politiques. Certains d'entre eux n'ont pas manqué l'occasion de rendre hommage à Georges Clemenceau, avec bien souvent une petite référence à leur propre situation.
Ainsi vd'Édouard Philippe qui a célébré, sur France 2, "un homme truculent, engagé, parfois drôle". "Clemenceau, c'est l'homme de la victoire, de la ténacité. Il s'engage dans la guerre et réussit à imposer l'union nationale." Et le Premier ministre de glisser un petit parallèle avec sa propre carrière : "Il m'inspire comme m'inspire Churchill : il a préféré rester fidèle à ses idées plutôt qu'à son camp."
Macron retrouve Hollande et Sarkozy. L'ancien président Nicolas Sarkozy, toujours très présent dans le champ politique, y est également allé de son petit commentaire. "Clemenceau a été un sacré ministre de l'Intérieur avant d'être un très grand président du Conseil", a-t-il déclaré, sur France 2. La suite, très implicite, n'est pas sans rappeler la carrière de Nicolas Sarkozy : "Le destin est cruel. Parce qu'un an après avoir gagné la guerre, il était battu à l'élection présidentielle. Certes, ce n'était pas au suffrage universel. Mais on a oublié le nom de celui qui l'a battu", a souligné, l'air de rien, l'ancien président, avant de conclure : "L'ingratitude ça existe… pour des hommes comme Clemenceau."
Après s'être échangés des piques à distance ces derniers mois, Emmanuel Macron et François Hollande se sont retrouvés côte-à-côte en tribune officielle samedi. Des images qui rappellent forcément celles de la cérémonie du 8-Mai, quand François Hollande avait passé le flambeau à Emmanuel Macron, tout juste élu, avec des gestes presque paternels. Mais ça, c'était avant les critiques. Conformément à la volonté d'Emmanuel Macron ne pas politiser une cérémonie solennelle, les deux hommes ont cependant donné une image d'unité, en hommage aux morts de la Grande Guerre. Ils se reverront une nouvelle fois lundi, pour la cérémonie en souvenir des victimes du 13-Novembre.
Le centenaire de l'armistice déjà en vue
Pendant qu'une grande partie des responsables politiques français observaient les commémorations en tribune, Emmanuel Macron a longuement salué tous les responsables militaires et les vétérans présents sous l'Arc de Triomphe. Après avoir serré d'innombrables mains, le chef de l'État est reparti en voiture jusqu'à l'Élysée. La cérémonie officielle s’est conclue au palais présidentiel lors d’un déjeuner auquel étaient conviés les familles des victimes de la Première guerre mondiale et les enfants pupilles de la Nation, statut qui célèbre son centenaire cette année.
À peine les commémorations terminées, l'Élysée réfléchit déjà aux commémorations du 11-Novembre 2018, qui sera l'occasion d'une grande cérémonie où seront invités les 80 pays belligérants, allant de l'Australie au Canada en passant par les pays africains, et avec pour fil rouge la figure de Georges Clemenceau. Pour ces commémorations, Emmanuel Macron se rendra aussi dans les départements les plus touchés par la guerre, qui sont aussi, souligne l'Élysée, ceux qui ces dernières années ont été les plus touchés par la crise économique.