"Je suis père de famille. Je pars au travail le matin, je veux rentrer le soir". Cette évidence, mise en avant par Pierre*, agent pénitentiaire dans le Grand-Ouest, n'a pas seulement été ébranlée par l'attaque d'un fourgon dans l'Eure, qui a provoqué la mort de deux agents, chargés d'encadrer le transfert de Mohamed Amra, introuvable depuis.
En réalité, cela fait des années que Pierre sent cette évidence menacée. L'homme appartient au fameux Prej, le pôle de rattachement des extractions judiciaires, et effectue donc le même métier que les deux agents tombés sous les balles à Incarville. "Ça peut arriver n'importe où, à n'importe qui et n'importe quand", souligne-t-il.
"On n'a aucun équipement adapté"
Pierre, qui a débuté comme surveillant de prison, se sent désormais beaucoup plus vulnérable sur la route où il parcourt plus de 5.000 km par mois. "Malgré toute mon expérience, je me suis senti beaucoup plus en sécurité quand j'étais tout seul face à 120 personnes détenues. À l'intérieur, on est protégé, il y a des murs avant qu'un commando armé ne puisse rentrer dans la prison. Tandis qu'à l'extérieur, on ne peut rien prévoir, on ne peut compter que sur nous-même. On n'a aucun équipement adapté, seulement des pistolets 9 mm. Mais il faut savoir qu'en face, ils ont des armes de guerre. On ne fait pas le poids, on n'a pas de gilets pare-balles qui sont équipés pour ça, on n'a absolument rien pour riposter", déplore-t-il.
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Les choses devraient néanmoins changer. Les syndicats, après plusieurs jours de blocage des prisons, ont obtenu des garanties sur l'armement ou encore la puissance des véhicules. De quoi permettre à Pierre et à ses collègues de mieux faire face aux risques auxquels ils sont exposés quotidiennement.
*Le prénom a été modifié.