Huit mois après la mort de Naomi Musenga, dont l'appel de détresse au 15 n'avait pas été pris au sérieux, les carences des services d'urgences sont à nouveau pointées du doigt. L'hebdomadaire Le Point a décortiqué la base de données de la SAE, la statistique annuelle des établissements de santé, afin d'observer l'activité des 101 centres de réception et de régulation des appels du SAMU. Le constat est alarmant : plusieurs millions d'appels au secours se perdent sans qu'un opérateur ne décroche.
Des chiffres bien en deçà des objectifs fixés. Sur les 29 millions d'appels reçus en 2016, plus de 4,5 millions n'ont pas reçu de réponse d'un opérateur du SAMU, soit plus de 15%. L'objectif fixé par Samu Urgences de France est pourtant clair : les appels manqués ne doivent pas dépasser 1%. On en est très loin. La situation est encore pire à Paris, où moins de la moitié des appels seraient décrochés (49,8%). La Guadeloupe ne fait guère beaucoup mieux avec 42,7%. Selon l'enquête de l'hebdomadaire, seuls 20 SAMU sur 94 respectent ces recommandations.
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Des défauts de formation et d'organisation. Ces carences sont connues du ministère de la Santé, et ont resurgi au moment de la mort dramatique de Naomi Musenga. Les deux opératrices du SAMU de Strasbourg s'étaient moquées de la jeune femme, victime d'un malaise, plutôt que de l'aider.
Personnel pas assez formé, manque d'encadrement, désorganisation… D'après le journal, le rapport de l'inspection générale des affaires sociales est sans appel. Les directeurs des SAMU en difficulté dénoncent un manque de moyens. D'autres professionnels, comme le médecin urgentiste Patrick Pelloux, questionnent aussi la base de données à l'origine de l'enquête, jugée peu fiable. En revanche, personne ne nie le constat d'un SAMU malade.