L'homme qui avait enlevé mercredi à Dunkerque dans le Nord sa fille Malek, âgée de 8 ans, a été interpellé jeudi en Italie et l'enfant retrouvée saine et sauve en sa compagnie, a-t-on appris de source proche du dossier. Une alerte-enlèvement avait été déclenchée mercredi soir pour retrouver Jamel Y., soupçonné d'avoir enlevé sa fille et d'avoir tué sa compagne, découverte sans vie à leur domicile. L'alerte a été levée à la mi-journée jeudi.
Le corps sans vie de la compagne du père retrouvé
Une enquête en flagrance pour "homicide volontaire par conjoint" et "enlèvement d'un mineur de 15 ans" a été ouverte par le parquet de Dunkerque. Selon le communiqué du parquet, la police de Dunkerque a découvert mercredi vers 14 heures le corps sans vie de la compagne de Jamel Y., Sonia M., après avoir été alertée par sa mère qui "s'inquiétait" de son silence. "De multiples ecchymoses" ont été constatées sur son corps par le médecin légiste. Une autopsie a été ordonnée.
Trois enfants - âgés de sept ans, deux ans et demi et sept mois, selon la deuxième source proche du dossier - étaient présents au domicile de la mère, est-il précisé dans le communiqué. Mais la petite Malek "issue d'une première union de Jamel Y.", était, elle, introuvable et "vraisemblablement emmenée par son père".
Selon une troisième source proche du dossier, Jamel Y., 40 ans, est un demandeur d'asile de nationalité tunisienne, connu de la police et de la justice. La mère de famille, âgée de 29 ans, présentait, outre les ecchymoses, des traces de strangulation, a ajouté cette source, précisant que le couple avait "connu des différends" dans le passé.
Un homme vraisemblablement violent envers sa compagne
Devant l'immeuble de la famille, dans un quartier populaire de Dunkerque, des voisins corroborent l'hypothèse d'un homme violent envers sa compagne. "Ce n'était pas quelqu'un de gentil: c'était quelqu'un qui la tapait régulièrement", affirme une voisine, Johanna Francke. Le père était "très aimable à l'extérieur", mais "moi j'ai vu qu'il a levé la main", raconte une autre voisine, Delphine Vasseur, 53 ans. "C'était constamment des bagarres, des cris", ajoute-t-elle, affirmant que la police "venait régulièrement" au domicile du couple.
Une voisine directe, Sylvia, 18 ans, raconte que la victime est venue la voir le soir des faits pour lui dire : "Si vous entendez crier à l'aide, vous pouvez appeler la police". "Vers 21h30, elle a sonné à la maison, on a ouvert et elle a demandé à passer un appel. Ma coloc a donné son téléphone. Elle n'a pas réussi à trouver le numéro qu'elle cherchait", a-t-elle ajouté. "Vers 1 heure du matin, j'ai entendu (l'homme recherché) crier sur cette dame", poursuit sa colocataire Mathilde. "Il lui a dit : 'dégage dégage'". "Après, plus de son, plus d'image, jusqu'à 14 heures, où on a vu la police arriver et expliquer ce qui s'était passé", dit-elle. Sur la porte de l'appartement, un scellé de la police précise la nature de l'infraction : "meurtre".
En France, selon les chiffres officiels, une femme meurt tous les trois jours de la violence de son conjoint ou ex-conjoint. La dernière alerte enlèvement remonte au 25 mai pour la petite Eya, 10 ans, enlevée en Isère par son père et un complice et retrouvée une trentaine d'heures plus tard au Danemark. Le plan "Alerte enlèvement" est un dispositif d'alerte massive et immédiate déployé pour aider à la recherche d'un enfant présumé enlevé. Adopté en France en février 2006, il a été déclenché à une trentaine de reprises..