La responsable du groupe de sécurité du Premier Ministre a été entendue mardi dans le cadre de l'enquête sur les conditions d'enregistrement d'une conversation entre Alexandre Benalla et Vincent Crase, diffusée par Mediapart, a-t-on appris mercredi d'une source proche du dossier. La policière a été entendue par la brigade criminelle, a précisé cette source, confirmant une information du Parisien. La commissaire de police a nié avoir effectué ces enregistrements, lors d'une audition de plusieurs heures, et menée, selon les informations d'Europe 1, par les patrons de la "Crim'".
Des informations transmises par Matignon ont permis l'ouverture de l'enquête. L'enquête sur ces enregistrements a été déclenchée après la transmission d'informations par Matignon au parquet de Paris, selon des sources concordantes. C'est dans ce cadre que la justice a tenté lundi de perquisitionner les bureaux de Mediapart pour se les faire remettre, s'attirant les critiques des médias et de l'opposition qui ont dénoncé une atteinte au secret des sources des journalistes.
Après la diffusion de ces enregistrements le 31 janvier, les services du Premier ministre avaient été interrogés par des journalistes qui tentaient d'"établir un lien entre la chef du GSPM (Groupe de sécurité du Premier ministre), son conjoint, et la rupture du contrôle judiciaire de MM. Benalla et Crase", ont expliqué les services du Premier ministre. L'ancien chargé de mission à l'Élysée et l'ex-employé de La République en marche n'avaient en effet plus le droit de se rencontrer après leur mise en examen le 22 juillet 2018 pour les violences du 1er mai.
La cheffe de la sécurité ne se souvient pas de la présence de Vincent Crase. Des questions posées par des journalistes laissaient penser que leur conversation du 26 juillet aurait pu être captée au domicile de la cheffe du GSPM, un service sensible. Selon le Parisien, la cheffe du GSPM a reconnu devant les enquêteurs avoir revu Alexandre Benalla à son domicile, "sans pouvoir préciser le jour" en présence de son compagnon, mais ne se souvient pas de la présence de Vincent Crase.
Matignon affirme avoir de son côté "procédé à de premières vérifications" et que "la chef du GSPM dément être impliquée d'une quelconque façon dans la rupture du contrôle judiciaire de MM. Benalla et Crase". "Elle affirme connaître M. Benalla mais ne jamais avoir rencontré M. Crase et qu’à sa connaissance celui-ci n'est jamais venu à son domicile", et "elle dément également que son compagnon ait pu organiser cette rencontre chez elle en son absence", ont ajouté les services du Premier ministre.
Matignon dit aussi avoir "bien évidemment transmis l'ensemble de ces informations au Procureur de Paris". Selon une source proche du dossier, c'est sur cette base que le parquet a ouvert ce week-end une enquête pour "détention illicite d'appareils ou de dispositifs techniques de nature à permettre la réalisation d'interception de télécommunications ou de conversations" et "atteinte à l'intimité de la vie privée", puis ordonné une perquisition chez Mediapart.