C'est une première réussie. La toute première "Marche des fiertés en banlieue" a rassemblé plus d'un millier de personnes dimanche après-midi dans les rues de Saint-Denis.
Quelques jours après une agression lesbophobe dans un bus londonien, et trois semaines avec la gay pride de Paris, les manifestants entendaient lutter contre l'homophobie et montrer que l'on peut s'afficher lesbien, gay, bi ou trans même dans les zones les plus sensibles. Pour Europe 1, notre reporter a suivi ce cortège.
"C'est un pas vers l'acceptation"
"C'est la première fois qu'il y a une gay pride en banlieue", se réjouit Rachel, qui connaît bien l’homophobie pour en avoir été la victime. "Du temps où j'ai fait mon coming out au lycée, ça a été deux ans d'harcèlement, d'insultes, d'injures, de crachats, de coups et... deux à trois 'bastons' par jour", explique cette manifestante qui a grandi dans la célèbre cité des Tarterêts de Corbeil-Essonnes. "Donc à un moment, on n'en peut plus, ça suffit", clame-t-elle au milieu de cette marche qu'elle qualifie "d'historique".
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Dans cette marche, peu de manifestants portaient des tenues extravagantes, mais les drapeaux multicolores étaient légions. Ce qui a suffi à déclencher quelques sourires chez certains badauds : "C'est bien, ils s'affirment", explique cette jeune femme. "C'est un pas vers l'acceptation". Mais tous ne sont pas de cet avis. Pour s'en convaincre, il suffit de s'éloigner un peu du cortège. "Ça me choque franchement de voir ça dehors, comme ça... J'ai 16 ans, je n'ai pas envie de voir des gens comme ça dehors", lance un jeune homme au micro d'Europe 1. "Ce sont des gens un peu chelous [louches, ndlr], si c'était moi, je me serais caché". "Mais (avec) un homme, c'est la honte !", reprend un autre.
"Dans les lieux publics, ils font des trucs pas bien, comme s'embrasser"
"Dans les lieux publics, ils font des trucs pas bien, comme s'embrasser. Même un homme et une femme qui s'embrassent dans la rue, ce n'est pas bien, mais encore plus avec eux", affirme-t-il. Malgré ces propos homophobes, la première "Marche des fiertés en banlieue" s'est terminée sans animosité. Selon les associations LGBT, le nombre d'agressions homophobes a augmenté de 15% l'an passé.