Le métier d'humoriste, un art qui fait toujours autant rêver. Chaque jour, de nouvelles personnes se lancent sur scène pour peut-être devenir le prochain Jamel Debbouze ou la prochaine Florence Foresti. Mais comment réussir dans cet art bien plus difficile qu'il ne laisse paraître ? Les invités de Bienfait pour vous décryptent les rouages de l'humour sur Europe 1, avec Perrine Blondel, co-directrice de l'Académie de l'humour, Michel Dib, neurologue et Clément Lanoue, humoriste habitué de l'émission qui vient quotidiennement faire rire l'antenne d'Europe 1.
Savoir ce qui fait rire
Avant de se lancer dans le grand bain, il faut évaluer une chose très importante : comment faire rire. Il y a plein de choses qui nous font rire au quotidien : un comique de répétition, un visuel que l'on va juger drôle, un gag entre amis… Être humoriste, c'est choisir sa voie. Se professionnaliser "pour faire passer des messages par l'humour", estime Perrine Blondel au micro d'Europe 1. Pour la comédienne, les professionnels du rire "cherchent constamment à se renouveler", car finalement, "l'humour est un peu comme une mode".
"Il y a des facilités qui disparaissent peu à peu parce que l'on se dit que les gens les ont déjà vus. Mais on change de génération. Par exemple en ce moment, on n'est pas trop sur une année jeux de mots", explique-t-elle. Mais tout se joue dans les subtilités. "Sauf qu'un jeu de mots bien amené, en montrant que c'est un jeu de mot et en montrant le second degré, ça devient drôle", à l'image de l'expression "Bienfait pour vous", souligne-t-elle en riant.
En ce moment, ce qui fonctionne c'est "de partir de soi, et d'utiliser un peu de son vécu", précise la co-directrice de l'Académie. "On va faire rire quand on crée un lien avec le spectateur. Plus on part de soi, plus on va toucher l'universalité et on va toucher plus de gens." Pour le neurologue Michel Dib, se moquer de soi sert aussi "à dédramatiser la situation".
Trouver son public
Et c'est en parlant de soi que l'on peut également trouver sa propre audience. "Les gens se reconnaissent et donc forcément, c'est là où on touche aussi son propre public. L'humoriste ne va pas essayer de toucher tout le monde", prévient Perrine Blondel. Comme disait Pierre Desproges, "on peut rire de tout mais pas avec tout le monde".
"C’est vrai, il y a des gens très premier degré, c’est dû à la culture", confirme le docteur Michel Dib. Le neurologue préconise de s’entourer de gens qui adorent le rire et qui ne prennent pas au sens négatif ce qui est dit. Pour le professionnel Clément Lanoue, il faut aussi essayer de penser au plus grand nombre. Tous les jours, cet humoriste vient faire rire Europe 1 avec des chroniques qui abordent régulièrement des sujets pas toujours comiques. "Il y a quelques jours dans l’émission on a eu le handicap dans le sport. Ce n'est pas évident", avoue-t-il.
"Quand il y a des personnes en face qui souffrent de ce handicap, on ne connaît pas forcément leur passé, leur sensibilité. Donc c'est plus dur. Il faut se mettre à la place de tout le monde, des gens qui ont envie de se marrer de ça et de ceux qui en souffrent, et composer quelque chose qui plaira à tout le monde."
Croire en soi-même
Un métier de scène, c'est aussi un métier de trac. Inévitable, ce stress peut nous faire perdre nos moyens. "Mais c’est presque nécessaire d’avoir le trac pour recentrer son corps et être vraiment dans l’instant", note Perrine Blondel au micro d'Europe 1. Chaque artiste a sa méthode pour reprendre le dessus. Un grigri, une mimique… Il suffit de trouver ce qui vous calme et vous reconcentrer.
Mais même lorsque quelque chose d'inattendu se produit, il faut garder la tête froide et rebondir. Clément Lanoue confie une de ses expériences : "Ça m'est arrivé une fois, je pense qu'il y a eu un problème. Je devais jouer à 20h30 mais on m'a dit d'attendre et j'y suis allé à 23 heures. Il ne restait plus que six personnes qui me regardaient avec compassion !" Clément a quand même gardé confiance en lui, et s'est lancé dans son spectacle. "Je me suis dit que c'était vraiment une thérapie, c'est un vrai moment où on est seul avec soi-même. Je me disais 'l'heure qui va arriver va être horrible, si je veux qu'elle devienne géniale il n'y a que moi qui peut la rendre géniale'."
Au final, Clément n'en retient que du positif : "On est seul face à soi-même, et c'est un super exercice de confiance et d'humilité de se dire 'Voilà, je vais aller là, je vais faire ça'. C'est juste génial." Enfin, il ne faut pas oublier que faire rire, "c'est un acte de générosité" insiste Michel Dib. C'est aussi un anti-stress qui améliore la mémoire, est bon pour le cœur et qui permet d’évacuer les émotions. Alors pourquoi hésiter à se lancer ?