À Marseille, le trafic de stupéfiants peine à être endigué de manière définitive par la police judiciaire, malgré de nombreux succès sur le terrain. Les dealers occupent toujours le bitume des cités et menacent souvent la sécurité des quartiers occupés. Europe 1 est allée en témoigner, quelques jours avant que le président de la République ne se rende de ce lundi à mercredi dans le siège mythique de la police judiciaire marseillaise.
Sur place, la police se déplace à l'aide de grosses cylindrées pour s’extraire. Ce genre de moyen de locomotion reste indispensable car à l'arrivée sur le point de deal, les guetteurs se mettent déjà à crier "Ara ! Ara !", leur nom de code pour signaler la présence de la police. Thomas, un agent de l'OFAST, l'office antistupéfiants de Marseille, regrette la prise de contrôle des cités par les délinquants. "Elles ont été pensées pour les habitants à la base, pour qu’ils y soient bien. Il y avait plusieurs accès, les enfants devaient pouvoir jouer au milieu des tours", appuie-t-il. Sauf qu’aujourd’hui, des barricades et des chicanes sont érigées.
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80.000 euros de chiffre d'affaires chaque jour
Très vite, l'agent de l'OFAST identifie trois hommes qui contrôlent les entrées et les sorties de la cité. "Ils passent leur journée à glander, à rien faire, à pourrir la vie des gens, à les empêcher d’accéder à en bas de chez eux. Ça, c'est la partie visible de l’iceberg. Le chef de tout ça a été interpellé en Algérie la semaine dernière". Ce dernier se nomme Mohamed Djeha, dit Mimo et représente gros poissons pour l’office anti-stupéfiants. Il est en effet désormais derrière les barreaux, de quoi rendre fiers ces enquêteurs spécialisés qui remontent en toute discrétion les réseaux pour en couper la tête.
"Il contrôle non seulement tout ce qu’il se passe à l’intérieur, mais aussi tous les approvisionnements, toute la logistique, même les ententes avec les autres clans marseillais qui sont en train de se faire la guerre", explique Thomas en ajoutant que ce point de deal générait jusqu’à 80.000 euros de chiffre d'affaires chaque jour. Le réseau de trafiquants ne peine d'ailleurs pas beaucoup à trouver de la main-d'œuvre. Le commissaire Loisel, chef de l’antenne OFAST de Marseille, précise en outre que des jeunes de toute la France sont recrutés sur Snapchat.
"Ce sont des intérimaires qui sont là sur une brève période de quelques semaines, qui sont logés, nourris, qui sont le matin récupéré à leur hôtel, qui assurent leur mission, leur journée de travail. Ils sont reconduits dans leur logement le soir", détaille le commissaire Loisel. Mais lorsque claquent en pleine nuit les kalachnikovs ce sont eux, les forçats du trafic de cité qui tombent sous les balles, autrement dit les derniers maillons de la chaîne ultra-rentable des narcotrafiquants.