Esther, rescapée de la rafle du Vél' d'Hiv' : "On a entendu des cris, des pleurs de petits enfants"

rafle du Vel' d'Hiv'
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Justin Morin, édité par
Esther Sénot avait 15 ans lorsqu'il y a 77 ans, la police française a débarqué dans son immeuble et enlevé toute sa famille, pour l'emmener dans un camp de concentration allemand. 
TÉMOIGNAGE

La France commémore dimanche la rafle du Vél' d'Hiv'. Un peu partout en France, des événements ont été organisés pour rendre hommage aux 13.000 victimes juives qui ont été arrêtées, puis déportées, il y a 77 ans. Dans un discours émouvant, la ministre des Armées Florence Parly a réaffirmé la responsabilité de la France. Pour l'occasion, Europe 1 a recueilli le témoignage d'Esther Sénot, aujourd'hui âgée de 91 ans.

"Je ne pouvais plus rentrer chez moi, mes parents avaient été arrêtés"

Le 16 juillet 1942, elle en a à peine 15 et vit dans un petit appartement avec ses parents et ses sept frères et sœurs, à Paris. La police française fait alors irruption dans son immeuble. "On a entendu des bruits, on ne comprenait pas ce qu'il se passait. Dans l'immeuble, ils ont fait descendre des familles. On a entendu des cris, des pleurs de petits enfants. Ma mère était complètement paniquée", se souvient Esther Sénot.

Mais personne ne frappe à leur porte. Paniquée, sa mère lui demande de rendre visite à sa belle-sœur. Esther la découvre alors effrayée, cachée dans une chambre de bonne. Elle rentre ensuite chez elle mais cette fois, la police était bien passée.

"Je me suis retrouvais devant ma porte, avec les scellés dessus. Je ne pouvais plus rentrer chez moi. Mes parents avaient été arrêtés, avec mon petit frère, Achille, qui avait 11 ans. Je ne savais plus où aller, j'étais complètement démoralisée", témoigne-t-elle. "La concièrge m'a dit : 'tu restes là'. Elle m'a gardée dans sa loge à peu près deux semaines. Elle était Française", poursuit-elle.

"Je fais partie de ceux qui témoigneront jusqu'au bout"

Esther Sénot a échappé à la rafle du Vel d'hiv mais son histoire ne s'arrête pas là. Quelques mois plus tard, après un contrôle d'identité, elle est arrêtée à son tour puis déportée dans un camps de concentration de Birkenau, en Allemagne, où elle retrouve sa sœur, proche de la mort. Esther Sénot lui jure alors que si elle survit, elle racontera, témoignera de cette horreur. Aujourd'hui survivante, c'est ce qu'elle continue de faire :

"Elle m'a dit que si j'avais une chance de survivre, je devais témoigner. Pour que le monde sache les horreurs commises. Je fais partie de ceux qui témoigneront jusqu'au bout".