Il y a 80 ans, en juillet 1942, 13.000 juifs étaient arrêtés à Paris et en banlieue à la demande des Allemands pour être déportés. L'historien Laurent Joly vient de publier une enquête qui révèle comment la police française a organisé cette rafle du Vel' d'Hiv. Des mois de travail a recoupé les archives pour donner de nouvelles informations sur cet épisode. À l'époque, c'est le gouvernement de Vichy qui a chargé la préfecture de police de Paris d'organiser cette rafle sans aucune participation des nazis lors d'Autriche.
De 20 à 60% d'arrestations à Paris
Pas un Allemand ne participe à la rafle. Même le responsable des affaires juives de la Gestapo n'est pas là. Les policiers français exécutent les ordres, certains de manière aveugle, d'autres aident les juifs à fuir, explique l'historien Laurent Joly, l'auteur du livre La Rafle du Vel' d'Hiv chez Grasset. Des témoins ont se sont confiés à l'historien.
"Jenny Plocki raconte qu'elle est arrêtée par un ancien voisin de palier qui va rester là et surveiller que les parents de Jenny rassemblaient bien leurs affaires. À l'inverse, Annette Zaidman raconte qu'il a dit revenir dans un quart d'heure et qu'il est descendu. Et là, sa tante fuit. À ce moment, il voit un policier, qui est devant une vitrine, et qui va détourner le regard pour les laisser passer."
Les deux tiers des juifs qui étaient sur les listes arrivent à s'en sortir et ne sont finalement pas arrêtés. Avec de grosses différences selon les arrondissements de Paris. "Ça peut aller de 20 % d'arrestations dans le 2e, jusqu'à plus de 60 % dans le 12e. Et là, on se rend compte qu'il y a des commissaires très zélés qui ont vraiment donné l'ordre à leurs équipes d'être durs, et d'autres qui ont dit 'On a une corvée à faire, faisons le de manière humaine'".
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Un policier sur cinq a eu des comptes à rendre après la guerre devant la commission d'épuration. Ceux qui avaient fait du zèle ont été sanctionnés.
Aujourd'hui, à l'occasion des 80 ans de la rafle du Vel' d'Hiv', Emmanuel Macron est attendu à l'ancienne gare de Pithiviers où des convois partaient vers les camps d'extermination. Le président doit y prononcer cet après-midi un discours offensif contre l'antisémitisme, d'après l'Élysée.