Alors qu'une grande partie de l'Europe subit canicules et incendies, la France connaît un temps maussade : une exception due à un phénomène "banal" mais difficile à prévoir, qui a écarté jusqu'ici une nouvelle canicule, selon Météo-France. Ce phénomène météorologique "très banal" est appelé "goutte froide", explique vendredi François Gourand, prévisionniste de Météo-France, notant qu'il survient souvent en Europe depuis l'Atlantique nord au gré des courants. "Ces bulles d'air humide et froid font partie des phénomènes que les météorologues ont le plus de mal à prévoir", ajoute-t-il.
Un enchaînement "frappant"
Circulant à haute altitude, ces dépressions atmosphériques "attirent les vents alentour" et surplombent "les masses d'air chaud situées plus près du sol qu'elles soulèvent et refroidissent". La vapeur d'eau contenue dans l'air se condense et les nuages se forment, entraînant des précipitations. "Ce qui est particulièrement frappant cette année, c'est d'avoir plusieurs semaines d'affilée des gouttes froides au même endroit", particulièrement en France, note François Gourand.
Elles se succèdent depuis la fin juin, centrée sur la France mais touchant en périphérie certains pays voisins, comme l'Allemagne et la Belgique, frappées mi-juillet par de violentes inondations qui ont fait des dizaines de morts. Pourquoi cet "enchaînement" ? L'air exceptionnellement chaud et sec dans l'est de l'Europe et la Scandinavie a pu "faire barrage aux gouttes froides, les bloquant dans l'ouest du continent", avance l'expert.
Chaque mois, Météo-France indique "les grandes tendances" sur trois mois dans toute l'Europe. En avril, ses modèles ont mis en avant pour les mois de mai, juin et juillet "la probabilité d'un scénario plus chaud que la normale", dans le sud de l'Europe et la majeure partie de la France. "Sur une large partie de l'Europe, la prévision s'est vérifiée", constate le météorologue. Ainsi l'Europe a connu en 2021 son deuxième mois de juillet le plus chaud jamais enregistré, selon le service européen Copernicus sur le changement climatique.
"Nous n'aurons pas cette chance tous les ans"
"Dans nos climats tempérés, il est normal d'avoir de la pluie en été (...) La vraie anomalie, ce sont les records de chaleur en Turquie, en Grèce et sur le reste du continent", note François Gourand. Des anomalies de chaleur toutefois appelées à se multiplier en raison du réchauffement de la planète provoqué par les activités humaines.
A la date du 5 août, l'Hexagone connaît néanmoins son deuxième été le plus pluvieux après 1987 depuis le début des mesures en 1959, précise le prévisionniste de Météo-France. "Si l'on est très optimiste, les gouttes froides vont s’éloigner ce week-end et le temps va s'améliorer", relativise avec prudence le scientifique. "Elles nous ont épargné l'été brûlant et les canicules, nous n'aurons pas cette chance tous les ans...", insiste-t-il. Alors que les canicules se multiplient, la France a connu ces dernières années de nombreuses vagues de chaleur, avec notamment un record de 46°C enregistrés dans l'Hérault fin juin 2019.