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William Molinié (à Mamoudzou), édité par Ugo Pascolo / Crédit photo : FRED TANNEAU / AFP , modifié à
Alors qu’une vaste opération de lutte contre l’immigration clandestine se prépare sur Mayotte, l'opération "Wuambushu", Europe 1 dévoile les chiffres de la délinquance du premier trimestre dans le 101e département français. La délinquance d’appropriation a explosé, les vols avec armes ont augmenté de 121% en quatre ans. 

Les policiers et gendarmes français déployés à Mayotte s’attendent à des affrontements violents. L’inquiétude est réelle, à quelques jours de l’opération de lutte contre l’immigration clandestine prévue pour le début de la semaine prochaine. Selon les chiffres de la délinquance, recensés au premier trimestre 2023 par la préfecture et qu’Europe 1 s’est procurée, la situation sécuritaire est alarmante.

+121% de vols avec armes

En janvier, février et mars de cette année, 144 vols avec armes (armes à feu, armes blanches, armes par destination) ont été constatés par les forces de sécurité du département. Contre 135 en 2022 sur la même période, 121 en 2021, 95 en 2020 et 61 en 2019. Soit une augmentation progressive de 121% sur quatre ans.

Selon les chiffres de la Place Beauvau, le nombre de vols avec armes sur l’ensemble de l’année 2022 a atteint les 2,7 pour 1.000 habitants, loin devant la moyenne nationale, autour des 0,13 pour 1.000 habitants.

Opération complexe et revue à la baisse

L’ensemble des capteurs sont au rouge. Les atteintes aux biens ont augmenté de 18,32% au cours du premier trimestre sur quatre années glissantes, quand les atteintes volontaires à l’intégrité physique ont explosé de 50,44%. Dans le détail, ce sont les violences physiques crapuleuses qui plombent ces statistiques (+51,72%). Autrement dit, le bilan noir de la sécurité à Mayotte est essentiellement dû à la délinquance dite "d’appropriation".

Selon les informations d’Europe 1, les ambitions de l’opération qu’en coulisses on surnomme "W", pour "Wuambushu" a été revue à la baisse. À l’origine, il était prévu que 20.000 clandestins soient expulsés du territoire. L’objectif a été divisé par deux. En cause, les difficultés logistiques rencontrées pour organiser une telle manœuvre, à un moment où les forces de sécurité intérieure sont largement mobilisées en métropole par la réforme des retraites, avec un 1er mai qui s’annonce électrique.

La Russie en embuscade

Autre explication avancée, la réticence du pays voisin des Comores à accepter les laissez-passer consulaires, précieux sésame indispensable pour qu’un immigré illégal puisse revenir dans son pays d’origine. Dans l’ombre, un intense bras de fer diplomatique est en train de se jouer entre Paris et Moroni. Dans un récent communiqué de presse, la présidence des Comores a mis en garde le gouvernement français : "Il est à rappeler que Mayotte est une île comorienne, maintenue sous administration française, depuis l’indépendance du pays en 1975, et par conséquent, toute expulsion de Mayotte, de Comoriens venant des trois autres îles, constitue une violation grave du droit international."

Dans le rôle de trouble-fête, la Russie, via son ambassadeur posté à Madagascar, presse le président des Comores, nouvellement nommé à la tête l’Union africaine, de ne pas plier face à la position française. Annuler l’opération, voire la reculer davantage encore, serait interprêté comme une faiblesse politique et atteindrait directement Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur, désormais suspendu aux efforts engagés par le Quai d’Orsay.