Faut-il acheter un véhicule diesel ?

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Grégoire Duhourcau , modifié à
Le gouvernement souhaite aligner le prix du diesel et de l'essence, en augmentant plus rapidement les taxes sur le diesel. Mais aujourd'hui, le diesel a déjà rejoint le prix de l'essence. Est-il toujours intéressant d'opter pour cette solution ? Wendy Bouchard et ses invités font le tour de la question mercredi.
LE TOUR DE LA QUESTION

Le diesel n'a jamais été aussi cher depuis dix ans. D'après Le Parisien, le gazole est aujourd'hui plus cher que l'essence dans une station-service sur cinq. Pascal Pennec, rédacteur en chef adjoint au magazine Auto Plus, souligne toutefois au micro de Wendy Bouchard sur Europe 1, qu'il s'agit là d'un "phénomène ponctuel" : "A l'entrée de l'hiver, le prix du gazole augmente plus que l'essence parce que les gens font le plein de fioul domestique. Vu que c'est exactement le même produit, ça fait augmenter le prix", analyse-t-il. Faut-il malgré tout opter pour le diesel si on souhaite acheter un véhicule à l'heure actuelle ? Voici plusieurs éléments de réponse piochés parmi les analyses des experts réunis mercredi autour de Wendy Bouchard pour prendre la bonne décision. 

>> De 9h à 11h, c’est le tour de la question avec Wendy Bouchard. Retrouvez le replay de l’émission ici

OUI, si on roule beaucoup

Pour quelqu'un qui a tendance à parcourir beaucoup de kilomètres chaque année, "le diesel reste incontournable", assure Pascal Pennec. Il justifie son propos en expliquant que le diesel "consomme beaucoup moins que l'essence". En moyenne, la consommation de carburant avec un véhicule roulant au diesel est inférieure de 20% à celle d'une voiture essence. "Pour peu que vous fassiez un peu de ville, c'est bien plus que ça." "Pour faire beaucoup de kilomètres et des trajets longs, n'hésitez pas, prenez vos diesels", abonde Pierre Chasseray, délégué général de l'association "40 millions d'automobilistes".

NON, car le diesel coûtera plus cher que l'essence

Pascal Pennec rappelle toutefois qu'"à partir du 1er janvier 2019, vu la hausse des taxes, qui est bien supérieure pour le gazole", les deux carburants atteindront quoi qu'il arrive un niveau de prix équivalent. Le gazole sera même durablement plus cher si le "phénomène ponctuel" qu'il a évoqué plus haut "devait perdurer". Pour Pierre Chasseray, cela ne fait aucun doute, "le diesel finira plus cher que l'essence, même si vous consommez 20% de moins".

OUI, car l'offre est plus importante

Aujourd'hui, 60% du parc automobile français est composé de véhicules diesel, affirme Pierre Chasseray. Par conséquent, "l'offre, notamment sur l'occasion", est plus importante en diesel qu'en essence, analyse Nicolas Mouchnino, chargé de mission énergie et environnement à l'UFC-Que choisir. D'après lui, il y a "beaucoup de consommateurs qui souhaiteraient peut-être passer à l'essence et qui ont peut-être une difficulté" à le faire "parce que l'offre n'est pas forcément la plus importante".

Faut-il acheter un véhicule diesel ?

Par ailleurs, Pascal Pennec évacue la question de la pollution, supposée plus importante du diesel : "Tous les carburants sont polluants par définition" mais "il y a des progrès considérables qui ont été faits". Et le problème des particules fines a été "réglé par les constructeurs automobiles", assure de son côté Pierre Chasseray. "Les nouvelles normes vont faire que l'on va être à peu près au même standard pour les deux types de voitures", complète Pascal Pennec.

NON, car le diesel risque d'être interdit dans certaines villes

Un automobiliste qui décide d'acheter un véhicule diesel s'expose à un risque, celui "de ne pas pouvoir circuler dans certaines communes" à moyen terme, prévient Pierre Chasseray. La mairie de Paris a notamment pour ambition d'interdire la circulation des véhicules diesel à l'horizon 2024. Pascal Pennec tempère en évoquant "une assurance tous risques" face à cela : la location longue durée. "Si ça tourne mal, (...) le concessionnaire sera obligé de reprendre la voiture à l'automobiliste au terme de la location", précise-t-il.

OUI, car l'électrique n'est pas forcément la solution

"On se pose tous la question de l'énergie électrique et de la fiscalité qu'il va falloir inventer sur les carburants. Si on passe tous à l'électrique demain, que va faire l'Etat ? Il va se passer des dizaines de milliards d'euros que lui rapportent les carburants ?", interroge Pierre Chasseray tout en assurant que l'Etat réfléchit à "une fiscalité au kilomètre parcouru avec l'électrique". "L'électrique est peut-être l'aubaine d'aujourd'hui pour certains mais je peux vous dire que ce sera l'enfer pour demain."

Pascal Pennec ajoute que la transition vers l'électrique serait une menace pour "des millions d'emplois" en Europe : "On se vend aux Chinois dans la mesure où l'Europe ne maîtrise pas la fabrication de batteries. Il va falloir les acheter à la Chine." Il ajoute par ailleurs que la batterie représente "40% du prix de la voiture". Enfin, selon lui, l'électrique "est une bombe à retardement" car "on ne sait absolument pas retraiter une batterie" usagée.

Par ailleurs, l'achat d'une voiture hybride rechargeable "est une alternative qui est vraiment formidable" mais clairement pas compétitive à ce jour, explique Pascal Pennec. "Pour le moment, ce sont des voitures qui coûtent la peau des fesses", ajoute-t-il. Il évoque ainsi une fourchette de 35.000 à 40.000 euros et estime que même "un petit geste" du gouvernement, mentionné par Le Parisien, "ne suffira pas". "L'offre est très restreinte" dans le domaine, juge pour sa part Nicolas Mouchnino.