Un total de 90 femmes ont été tuées par leurs conjoints et ex-conjoints, un chiffre en très forte baisse par rapport aux 146 féminicides comptabilisés par le gouvernement en 2019, a annoncé mardi le garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti. En 2020, "106 crimes ont été perpétrés et 90 victimes sont des femmes", a déclaré le ministre dans une vidéo postée sur Facebook. "En 2019, 173 crimes ont été perpétrés et 146 femmes ont été victimes de ces crimes conjugaux". "Nous avons obtenu ces résultats, ils sont encore trop modestes mais ils sont porteurs d'espoir", a estimé Eric Dupond-Moretti.
"Bien sûr que chaque homicide, que chaque violence est un échec avec les conséquences humaines dramatiques que l'on imagine, un échec pour notre société toute entière, c'est un échec pour le ministère de la Justice", a-t-il souligné.
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Trop tôt pour y voir une tendance durable, selon les associations
Stade ultime des violences subies par plus de 200.000 femmes par an, les féminicides ont connu une forte hausse en 2019 (25 de plus qu'en 2018). Le chiffre pour 2020 est le plus bas depuis que le gouvernement a commencé à recenser les féminicides en 2006, mais les associations s'accordent à dire qu'il est encore trop tôt pour y voir une tendance durable.
Selon les éléments recueillis par l'AFP qui a étudié pour 2019 et 2020 tous les cas de féminicides présumés en France, les meurtres de femmes par leurs conjoints ou ex n'ont pas particulièrement baissé pendant les confinements liés à la crise sanitaire du Covid-19. L'épidémie de coronavirus et ses périodes de confinement ont par contre mis en lumière l'importance des violences subies par les femmes et les enfants à leur domicile, faisant bondir les signalements de ces faits. La baisse considérable du nombre de féminicides "tient sans doute au regard que la société toute entière porte sur ces violences conjugales et sur ces crimes odieux, elle tient aussi au travail des associations", a aussi dit Eric Dupond-Moretti.
"Elle tient encore aux moyens que le ministère de la Justice a mobilisé pour lutter contre ces violences", a-t-il ajouté, citant le déploiement des bracelets anti-rapprochement (17 au 18 janvier), les "1.260 téléphones grave danger d'ores et déjà distribués" et les ordonnances d'éloignement permettant l'éviction du domicile du conjoint violent. "Bien sûr, il faut encore des moyens supplémentaires et nous nous y attacherons", a-t-il promis.
Des mesures adoptées fin 2019 après un "Grenelle"
Signe que ce fléau est devenu majeur dans la société, la Chancellerie a demandé pour la première fois en 2020 des remontées systématiques aux parquets généraux pour chaque homicide conjugal, afin d'avoir "un suivi plus précis" de ces meurtres et "évaluer l'impact des mesures du Grenelle". C'est la première fois que la Chancellerie annonce des chiffres.
Après une forte mobilisation associative, un "Grenelle" pour lutter contre les violences conjugales avait abouti fin 2019 à une quarantaine de mesures, parmi lesquelles le déploiement de bracelets anti-rapprochement pour les conjoints ou ex-conjoints violents ou des "retours d'expérience" entre professionnels concernés après chaque féminicide.