Le lycée Averroès, premier lycée privé musulman de France, sous contrat avec l'État, joue son avenir ce lundi. Le tribunal administratif de Lille doit rendre sa décision sur le recours en référé déposé l'établissement, après la décision du préfet du Nord de rompre le contrat liant l'établissement à l'État, en raison d'enseignements jugés "contraires aux valeurs de la République", ce que réfute la direction de l'établissement. Mais sans les subventions publiques, ce lycée, qui compte 400 élèves et 35 enseignants, ne pourra plus fonctionner.
"Nous formons des citoyens parfaitement épanouis"
À l'audience, devant le tribunal, l'avocat de la préfecture et le préfet lui-même avaient longuement défendu la suspension du contrat d'association en raison des liens supposés du lycée avec la mouvance des Frères musulmans. Le représentant de l'État estimant même que l'argent public n'avait pas à financer un établissement dans lequel, selon lui, serait véhiculé une idéologie séparatiste. Des accusations rejetées en bloc par le directeur du lycée Averroès, Éric Dufour.
"Tous nos bacheliers, nos 2.000 bacheliers qui se sont insérés dans de brillantes études et dans la société française, témoignent pour nous parce que nous formons des citoyens parfaitement épanouis, tout le monde en témoigne. C'est toujours très blessant, humiliant je dirais, de considérer qu'effectivement nous ne défendrions pas les valeurs de la République. Pour moi, c'est insupportable", témoigne-t-il au micro d'Europe 1.
Malgré la menace d'une suppression des subventions publiques qui, selon l'avocat du lycée, constituerait un arrêt de mort, les dirigeants d'Averroès se disent sereins, accusant même les autorités préfectorales de détournement de pouvoir. Reste que, quelle que soit la décision du tribunal administratif ce lundi, elle fera sans doute l'objet d'un appel.