Deux jours après la fusillade qui a éclaté dans la cité de la Busserine à Marseille, l'émotion domine encore chez les habitants. L'enquête, elle, n'a toujours pas identifié les individus qui ont tiré à la kalachnikov en plein jour et en pleine rue. Le mobile de l'expédition n'a pas encore été défini. Europe 1 fait le point sur le dossier.
Un guetteur porté disparu. La piste de l'enlèvement avait été avancée au lendemain de la descente armée qui a visé cette cité, réputée pour être un haut-lieu du trafic de drogue à Marseille. Et elle est désormais confirmée sur place : depuis lundi soir, un guetteur, un "chouf" comme ils sont appelés, n'a plus donné signe de vie. Un témoin a même affirmé avoir vu le jeune homme pris en chasse par le commando, puis, être jeté dans le coffre d'une voiture. Représailles, intimidation, opération pour s'approprier un territoire… les mobiles ne manqueraient pas.
Du "narco-banditisme de cité". Le procureur de la République, Xavier Tarabeux, a insisté mardi sur le sang froid des malfaiteurs : "une action brutale, très violente même, donc nous travaillons dans le cadre de ce que nous appelons le narco-banditisme des cités". Ce phénomène recouvre "à la fois des notions d'actes violents, de prise de territoire et éventuellement de vengeance entre différents clans appartenant à ce banditisme", a-t-il expliqué au micro d'Europe 1.
"La tristesse pour les jeunes". Il y a déjà eu dans la cité de la Busserine des tirs en plein jour et des morts. Par peur de représailles, les habitants parlent peu. Pour un retraité qui a assisté à la scène de lundi, c'est le fatalisme qui domine : "ce que j'ai vu, c'était une démonstration de force pour gagner du terrain, c'est une lutte de territoires… je ne sais pas ce qui se passe dans la tête de ces gens-là, ce sont des actes insensés". "C'est franchement de la tristesse pour les jeunes", constate-t-il au micro d'Europe 1, tout en déplorant l'absence d'"un travail de fond" en leur faveur. Pour les riverains traumatisés par la descente armée de lundi, une cellule de soutien psychologique a été mise en place et des CRS ont été envoyés en renfort.