Au lendemain de la nouvelle mobilisation des "gilets jaunes", l'heure est à la constatation des dégâts. Car si les débordements ont été nettement moins violents à Paris, beaucoup de villes en régions n'ont pas été épargnées par la casse. C'est le cas de Bordeaux.
"C'est absolument navrant". Mobilisés très tôt dimanche matin, les agents municipaux continuent de nettoyer. Un peu plus de 100 m3 de vitres brisées, de mobilier urbain et de panneaux de signalisation dégradés ont été ramassés. Jean-Michel, commerçant, a assisté au déchaînement de violences. Il raconte au micro d'Europe 1 : "C'est clair et net, c'est la racaille qui vient tout péter, c'est un jeu", lâche-t-il. "Il y a des activistes très bien entraînés, avec des produits incendiaires dans le sac, qui sont là pour ça. Les barrières, les vélos, tout ce qui pouvait être bougé l'a été (...). Il y avait des flammes de dix mètres de haut, c'est absolument navrant".
Certains chantiers ont été complètement dégradés. Photo : Stéphane Place / Europe 1.
Dans le quartier, Monique a aussi découvert les dégâts dimanche matin. "Il y a une distorsion entre le fait de vouloir davantage de service public et de détruire tout ce qui se représente les travaux qui permettent d'améliorer les choses", constate-t-elle au micro d'Europe 1.
"Appeler à manifester, c'est convoquer les casseurs à casser". Très en colère, Alain Juppé est venu faire les constations. "Cela doit cesser", martèle-t-il. "D'abord, il faut que le président de la République parle, et parle vite. Qu'il tienne un discours fort, un discours d'autorité mais aussi un discours de compréhension, d'empathie", estime l'ancien Premier ministre à Europe 1.
"Certaines revendications des 'gilets jaunes' responsables méritent d'être prises en considération (...). Il faut que [le président] annonce des mesures fortes, sur la question du pouvoir d'achat, (...) sur la question des salariés qui ont de faibles revenus, les retraités qui ont des petites retraites", recommande Alain Juppé. "Et puis il faut que les 'gilets jaunes' changent de méthode. Il faut qu'ils se rendent compte qu'appeler à manifester, c'est convoquer les casseurs à casser sur la voie publique".
Honte aux vandales, aux voleurs, aux pillards que j’ai vu saccager hier soir certaines rues de Bordeaux. Nous avions prévenu les Gilets Jaunes qu’ils se feraient inévitablement déborder.J’en appelle à nouveau à leur sens des responsabilités.
— Alain Juppé (@alainjuppe) 9 décembre 2018
Plus de 35 blessés. Samedi, un blessé grave avait été recensé lors de heurts avec la police. Au total, au moins 38 personnes ont été blessées, dont six policiers, selon Sud-Ouest. Dimanche matin, une quarantaine de personnes se trouvaient toujours en garde à vue à l'hôtel de police de Bordeaux. "Il n'y a pas uniquement des casseurs parmi les gens interpellées, il y aussi des 'citoyens ordinaires'", précise Didier Lallement, préfet de la Gironde.
Des portions de trams arrachées, des morceaux de chaussée fondus à plusieurs endroits sous l'effet de l'embrasement des barricades. Un bureau de poste saccagé aussi et du mobilier urbain brisé. Pour l'heure, les autorités locales ne disposent pas encore de bilan chiffré de ces dégâts.