"Tout ce qui se passe ici, c'est politique" : Éric Drouet, figure médiatique des "gilets jaunes" a estimé jeudi à sa sortie de garde à vue que son arrestation relevait du "jamais vu", après avoir été interpellé la veille au soir près des Champs-Élysées pour "organisation d'une manifestation sans déclaration préalable". Des faits pour lesquels il avait déjà été interpellé le 22 décembre dernier. Suite à ces deux arrestations, il sera convoqué devant le tribunal correctionnel le 15 février prochain, a indiqué une source policière à Europe 1.
"C'est du jamais vu". "La façon dont c'est fait, c'est politique. Même eux (les policiers, NDLR) n'ont pas l'habitude que ça se déroule comme ça, qu'il y ait des haut gradés qui assistent à l'audition, qui posent eux-mêmes les questions, c'est du jamais vu", a déclaré le chauffeur routier de Seine-et-Marne au micro d'Europe 1, à sa sortie du commissariat parisien où il était entendu.
"On essaie de nous pousser". "On cherche à nous mettre des responsabilités sur le dos, alors qu'il y en a pas du tout. On a été auditionnés au moins quatre ou cinq fois sur les mêmes sujets. On essaie de nous pousser", a-t-il encore ajouté devant les journalistes. "Il n'y a pas eu d'appel" à manifester hier, a-t-il martelé. "Ce n'est pas moi, c'est une page, il y a mon nom inscrit nulle part et malgré ça, on essaie de nous mettre sur le dos des inculpations. On essaie de nous mettre l'organisation d'une manifestation non déclarée, alors que là, ça n'avait rien d'une manifestation, c'était un rendez-vous au restaurant. On en est très loin". "C'est très énervant qu'on puisse même pas circuler dans la rue librement", a encore jugé Éric Drouet : "on avait tout respecté du début à la fin (...) malgré ça, on a été interpellé".
>> À LIRE - Mesure "arbitraire" ou "respect de l'État de droit" : les questions autour de l'interpellation d'Eric Drouet
Dans une vidéo diffusée mercredi en fin d'après-midi sur Facebook, Éric Drouet affirmait : "Ce soir, on va pas faire une grosse action, mais on veut choquer l'opinion publique. Je sais pas s'il y en aura qui seront avec nous sur les 'Champs' (...) On va tous y aller sans gilet".
Une arrestation polémique. Jeudi, gouvernement et majorité ont défendu cette interpellation, la justifiant par la nécessité de "respecter l'État de droit" et l'obligation de déclarer toute manifestation, établie dans l'article 431-9 du code pénal, qui prévoit dans un tel cas jusqu'à six mois de prison et 7.500 euros d'amende. L'opposition de droite comme de gauche a quant à elle fait part de son indignation, à deux jours d'un huitième samedi de manifestations dans plusieurs villes de France. "Éric Drouet est libre aujourd'hui, dans une opération purement et bassement politique, qui n'a rien de juridique", a commenté son avocat, Me Kheops Lara. "Je ne peux que constater qu'aujourd'hui concernant Éric Drouet, c'est l'État qui a bafoué l'État de droit. On l'a interpellé alors qu'il circulait librement à Paris".
Jugé le 5 juin pour "port d'arme prohibé". Figure médiatique et controversée du mouvement, Éric Drouet avait déjà été arrêté le 22 décembre, lors de l'acte 6 des manifestations à Paris, notamment pour "port d'arme prohibé", en l'occurrence un bâton. Pour ces faits, il sera jugé le 5 juin en correctionnelle.
Interrogé sur les soutiens que de nombreux "gilets jaunes" lui ont apporté, Éric Drouet a répondu qu'"avec ou sans moi, ça continuera", en estimant ne pas être "un représentant des 'gilets jaunes'". "Les samedis se feront, les manifestations se feront. C'est un mouvement citoyen", a-t-il ajouté.