Son cas est emblématique des débats autour de la Gestation pour autrui (GPA). Vendredi, la Cour de Cassation a mis fin à 19 ans de combat judiciaire pour la famille Mennesson en validant l'entière transcription en droit français des actes de naissance de leur deux jumelles nées par GPA en Californie. "On est très fier, mais on va continuer à se battre pour les autres enfants des parents GPA", explique mercredi sur Europe 1 Fiorella Mennesson, une des deux jumelles.
"Nos parents ont été des pionniers dans le combat pour la GPA", rappelle la jeune femme au micro de Matthieu Belliard. Mais si la Cour de Cassation a donné raison à la famille Mennesson, elle a néanmoins refusé de faire de ce cas une jurisprudence, cantonnant la situation de la famille Mennesson à un cas d'exception. "On va continuer à se battre pour les autres enfants des parents GPA", indique donc Fiorella Mennesson, "il y aura toujours des enfants qui auront des difficultés à avoir leur filiation avec leurs parents".
"Il y a une volonté de nous effacer"
Alors qu'une manifestation s'est tenue dimanche contre la promesse du gouvernement d'étendre la PMA aux couples de femmes et aux femmes célibataires, ce sujet, ainsi que celui de la GPA, continuent de diviser la classe politique. Jeudi, un amendement prévoyant la reconnaissance de la filiation des enfants nés de GPA à l’étranger a été adopté par l'Assemblé nationale, à la surprise générale, et contre l'avis du gouvernement, qui souhaite que cet amendement soit revoté. "C'était une grande surprise", confie Fiorella Mennesson, qui fait part de sa déception face à la réaction du gouvernement. "Ça montre qu'une partie du gouvernement n'est pas prête à suivre cette promesse de campagne d'Emmanuel Macron". "C'est assez douloureux", dit-elle encore.
"Moi et ma sœur on se sent méprisées", regrette-t-elle, "il y a une volonté de nous effacer, de ne pas nous reconnaître". Et d'ajouter : "on est des enfants comme les autres, et ne pas avoir cette reconnaissance nous met dans une instabilité et une insécurité. C'est profondément injuste".
"On se bat pour une GPA éthique"
Face aux arguments des opposants à la GPA, la jeune femme note qu'il y a "une grande part de désinformation concernant la GPA. Les gens pensent aux cas non éthiques comme en Ukraine et en Thaïlande. Avec mes parents, "on ne se bat pas pour une GPA qui ne respecte aucun des partis, mais pour une GPA éthique".
Interrogée sur son enfance et sur son ressenti par rapport à son modèle familial, Fiorella Mennesson assure que le fait d'avoir été portée par une autre femme que sa mère "ne change absolument rien". Avec sa gestatrice, "on a encore de très bon rapports", raconte-elle, "un lien très amical". "C'est une personne qui est encore très proche de nous".