Entre réforme et pandémie, le baccalauréat sera à nouveau chamboulé cette année. Covid-19 oblige, le contrôle continu représentera au minimum 82% de la note finale de l'examen, l'épreuve écrite de philosophie et celle du grand oral correspondant aux 18% restants. Très critiquée sur la forme, cette dernière est censée permettre aux candidats d'apprendre à s'exprimer en public, "de façon claire et convaincante", selon Jean-Michel Blanquer. Contrairement à la plupart des pays de l'OCDE, la France apprend encore peu les bases de l'expression orale aux lycéens.
Aux Etats-Unis par exemple, les enfants apprennent dès la maternelle être à l’aise à l'oral et à choisir leurs mots avec soin. Enseignement encore bien étranger au système éducatif français. Pour le ministère, cela a des conséquences négatives sur la réussite des études universitaires et la vie professionnelle. La faute à la culture trop académique de l'Hexagone, estime Eric Charbonnier, analyste éducation à l’OCDE. "Ce qui est très intéressant sur ce grand oral, c’est que les élèves français, mais aussi leurs parents, n’y étaient pas du tout préparés. Cela diffère d’autres pays européens qui ont, eux, déjà fait évoluer leur système éducatif, où l'on parle moins de discipline et plus de compétences."
Réflexion personnelle et connaissances supplémentaires
Pour cette nouvelle épreuve, les candidats préparent pendant l'année avec leurs professeurs deux questions liées à leurs enseignements de spécialités. Le jury en sélectionne une. Après un temps de préparation, l'élève présente sa réponse, qui doit être le fruit d'une "réflexion personnelle", selon le ministère. "L’oral fait partie des compétences incontournable que les élèves doivent maitriser absolument pour pouvoir poursuivre leurs études avec leur baccalauréat et être plus épanouis dans leur métier, une fois qu’ils auront quitté le monde éducatif", souligne Eric Charbonnier.
Lors de ce grand oral, les élèves devront surtout montrer que leurs connaissances dépassent le cadre de leur matière. A terme, l’idée est que la culture du grand oral infuse tout le parcours scolaire des élèves. Depuis deux ans est prévu également, dès la classe de troisième, un cours d’éloquence pour préparer l’épreuve orale du brevet.