Des militants de Greenpeace ont déversé lundi matin près d'une tonne d'algues vertes devant la préfecture du Finistère pour pointer la responsabilité de l'État dans cette pollution chronique des plages bretonnes, a constaté un photographe de l'AFP. "Fermes-Usines : ni ici, ni ailleurs", proclamait une grande banderole jaune tendue au-dessus d'un tas d'algues vertes, devant la préfecture de Quimper. "Bretagne polluée : État coupable", pouvait-on lire sur une autre banderole portée par des militants en combinaison blanche, certains avec des masques à gaz.
Les algues vertes ramassées dans la matinée par des agents de la voirie
De grandes photos d'élevages industriels, de fosses de lisier et de plages polluées ont été également accrochées sur les grilles de la préfecture, à côté d'un énorme cochon gonflable. L'action, commencée dès 6H30, s'est terminée vers 11H30, sans incident, ni interpellation, selon un correspondant de l'AFP. Les algues vertes ont été ramassées dans la matinée par les agents de la voirie.
"L'objectif, c'était de dénoncer la responsabilité de l'État et des préfectures dans la prolifération des algues vertes, qui sont directement liées à l'essor des fermes-usines", a déclaré à l'AFP Sandy Olivar Calvo, chargée de campagne Agriculture à Greenpeace, citée dans un communiqué. "On demande un gel de la construction des fermes-usines et un moratoire sur l'extension des fermes-usines existantes."
Retour à l’envoyeur pour ces #algues toxiques qui polluent les eaux et les plages bretonnes.
— Greenpeace France (@greenpeacefr) July 10, 2023
Il est temps que l’Etat et les préfectures agissent. Il faut mettre un terme à la course à l’industrialisation de l’élevage en instaurant un moratoire sur les fermes-usines en . pic.twitter.com/eIQdNin8v0
Dans un communiqué, le préfet du Finistère a condamné cette action et annoncé le dépôt d'une plainte "pour obtenir réparation des éventuels dégâts pérennes", tout en reconnaissant que "les dégradations commises par affichage sont restées limitées".
Greenpeace avait notamment affiché, sur une porte de la préfecture, une carte des quelque 3.000 "fermes-usines" en France (sur 145.000 exploitations spécialisées dans l'élevage), principalement de volailles et de porcs. Selon un communiqué de l'association de défense de l'environnement, "près d'une ferme-usine sur deux est située en Bretagne et plus de 25 millions d'animaux peuvent être enfermés dans les 445 fermes-usines que compte le Finistère".
Dénoncer la validation de l'agrandissement de la porcherie "Avel Vor"
Présentes en mer à l'état naturel, les algues vertes prolifèrent dans les baies bretonnes, où elles sont nourries par des apports de lisier épandu par les agriculteurs dans les champs, et dont les excédents sont acheminés par les fleuves côtiers. Ces ulves, sans risque quand elles sont fraîches, émettent en se décomposant un gaz potentiellement mortel, l'hydrogène sulfuré (H2S).
Par cette action à Quimper, Greenpeace entendait particulièrement dénoncer la validation contestée de l'agrandissement de la porcherie aux 12.000 cochons "Avel Vor", à Landunvez (Finistère). Un recours a été déposé pour annuler la régularisation par le préfet en novembre 2022 de cet agrandissement, pourtant retoqué à deux reprises par la justice administrative.
Le préfet a rappelé dans son communiqué que l'arrêté de régularisation du 8 novembre 2022 avait été pris à la suite des avis favorables du commissaire-enquêteur et du Conseil départemental de l'environnement et des risques sanitaires et technologiques (CODERST). La Bretagne se place en sixième position européenne pour la taille de son cheptel porcin.