C'est la tête dans le guidon, sur les pavés du Paris-Roubaix, qu'ils manifestent leur colère envers l'Education nationale. Loin de la chaleur et du soleil d'Ibiza, où il est reproché à Jean-Michel Blanquer d'avoir passé quelques jours de vacances, des enseignants roubaisiens issus du primaire ont décidé d'enfourcher leur vélo pour faire un Roubaix-Paris à bicyclette, alors qu'une nouvelle journée de mobilisation se prépare jeudi dans le monde de l'enseignement. "Sur les vélos, vous avez donc Cyril, Baptiste...", clame l'un d'entre eux derrière un haut-parleur, sous les ovations de ses collègues, lors de leur étape à Arras, dans le Pas-de-Calais.
Une situation qui dure "depuis bien avant le Covid"
Malgré le froid en plein mois de janvier, ces professeurs ont parcouru 70 km pour leur deuxième étape mercredi. "Mardi, on a déjà eu des chutes, une crevaison. Il y a un côté Roubaix-Paris. C'est du vrai !", sourit l'un des enseignants rencontrés par Europe 1. Parmi les coureurs se trouve François Van den Goten, le responsable SNUipp de Roubaix. Il dénonce le manque d'enseignants remplaçants qui est un problème accentué par l'épidémie de Covid-19 et le protocole sanitaire à l'école. "On comprend bien qu'avec la multiplication des cas, avec le variant Omicron, ce soit compliqué de remplacer les collègues", reconnaît le syndicaliste.
Mais ce dernier de préciser ses revendications : "Ce qu'on déplore, c'est que cette situation dure depuis bien avant le Covid. Dès la rentrée, on a été impacté par des problèmes de remplacements. Aujourd'hui, ce n'est vraiment plus tenable", lâche-t-il sur Europe 1.
Des retards dans l'apprentissage chez les enfants
La pénurie de professeurs remplaçants et le protocole sanitaire inquiètent aussi les parents d'élèves, selon Baptiste Mahé, enseignant au primaire. Ils observent des retards dans les acquis scolaires. "On manque de remplaçants parce que, comme on ne peut plus répartir leurs enfants dans les différentes classes, (les parents) doivent les reprendre", explique-t-il. "On voit bien qu'il y a des journées complètes qui manquent pour les enfants, quand ce ne sont pas des semaines complètes", pointe-t-il, avant de conclure : "Quand ça se reproduit fréquemment, pour l'apprentissage des enfants, c'est gênant".
Malgré le recrutement de contractuels, les manques sont encore criants dans le département du Nord, selon les syndicats. On compte 417 absences non remplacées dans les écoles du premier degrés.