A peine arrivée au ministère de la Culture, Rachida Dati a annoncé lundi unilatéralement "la fin du conflit social" au Centre Pompidou à Paris, où une partie des agents se sont mis en grève en octobre, craignant pour leur avenir en prévision de sa fermeture pour cinq ans.
"Situation d'enlisement"
"Je suis heureuse d'annoncer, ce jour, la signature, entre le Centre Pompidou et les organisations syndicales, SPCP-FO et CFDT-Culture, du protocole d'accord relatif à l'accompagnement des équipes pendant les travaux dont il fera l'objet entre 2025 et 2030 grâce au soutien de l'Etat", a écrit la ministre dans un communiqué qu'elle signe, quelques heures avant ses vœux aux acteurs et à la presse. "Cet accord apporte des garanties aux agents du Centre Pompidou en prévision de la fermeture du bâtiment principal", assure Rachida Dati dans son texte, sans préciser le contenu de ce protocole d'accord ni de quelles garanties il s'agit.
"Dès mon arrivée au ministère de la Culture j'ai souhaité mettre un terme à cette situation d'enlisement. Cent jours de grève, c'est inédit dans l'histoire du Centre Pompidou", souligne la ministre qui ne s'est pas rendue au Centre Pompidou avant cette annonce pour rencontrer les agents. Elle a dit se réjouir que "les agents puissent poursuivre leur travail dans la sérénité, avec le soutien de leurs dirigeants, pour que le Centre Pompidou continue à ouvrir ses portes aux nombreux visiteurs".
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Après des mois d'enlisement du conflit sans calendrier précis de négociations réclamé par les syndicats, les agents avaient revoté massivement la grève lors de la dernière assemblée générale le 11 janvier et l'intersyndicale avait reconduit début janvier le préavis de grève jusqu'au 15 février.
"Aucun départ contraint"
Le protocole d'accord, consulté par l'AFP, prévoit notamment que la direction et le ministère sollicitent chaque année le maintien du plafond d'emploi à l'occasion des conférences budgétaires préalables à l'élaboration du projet de loi de finances. Il est actuellement d'environ un millier d'agents. Il prévoit aussi que la fermeture du bâtiment principal n'occasionne "aucun départ contraint" et que "le périmètre des activités actuellement externalisées par service ne sera pas modifié sauf de façon marginale après avis du Conseil social d'administration (CSA)", un point sur lequel la CFDT a assuré qu'elle resterait "vigilante".
Si elle a signé le protocole, la CFDT a dénoncé la "méthode" utilisée par ministère et direction pour mettre fin au mouvement social, "certaines organisations syndicales (CFDT et FO, NDLR) ayant été conviées à la signature dès vendredi et pas d'autres (CGT, Unsa, SUD, NDLR)". "C'est un drôle de procédé pour sortir d'un conflit social qui dure depuis plus de trois mois alors que nous étions tous ensemble", a regretté Nathalie Ramos (CGT), déplorant avoir été mise "devant le fait accompli" et n'avoir "pas pu discuter des dernières propositions avec le personnel en assemblée générale". "On constate quand même que cette activation des choses tombe le jour des vœux de la ministre, coïncidence ou pas ?", s'est-elle interrogée.
Travaux de désamiantage
Les personnels du Centre Pompidou à Paris, aussi appelé Beaubourg et qui abrite un des plus importants musées d'art moderne et contemporain au monde ainsi qu'une bibliothèque très fréquentée par les étudiants, demandaient des garanties sur le maintien du plafond d'emplois et la non-externalisation de leurs missions pendant la fermeture du lieu.
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Inauguré il y a près d'un demi-siècle, il doit rester fermé jusqu'en 2030 pour d'importants travaux de désamiantage et de restauration. Les personnels s'inquiétaient aussi de la "dispersion des collections", notamment vers l'étranger, pendant la fermeture du musée. Une partie d'entre eux se sont mis en grève le 16 octobre, occasionnant une vingtaine de jours de fermeture du Centre Pompidou, qui a été fermé quotidiennement pendant les vacances scolaires de Noël.