La circulation était très perturbée jeudi à Calais, au 11ème jour de la "grève du zèle" des douaniers, qui réclament des moyens supplémentaires à l'approche du Brexit et ont pour l'instant rejeté les propositions du gouvernement. Les agents des douanes, qui dénoncent la dégradation de leurs conditions de travail, demandent l'augmentation de leur allocation complémentaire, mais aussi une hausse des effectifs. Ils ont renforcé depuis début mars les contrôles aux frontières, entraînant notamment des temps d'attente importants pour les poids lourds en partance pour l'Angleterre.
Un millier de camions en attente. A 14h jeudi, une file de camions patientait à l'arrêt sur 6 kilomètres sur l'A16 en direction du site d'Eurotunnel, et le mouvement provoquait des ralentissements sur 14 km au total, selon la préfecture du Pas-de-Calais. Quelque 1.720 poids lourds stationnaient eux dans les quatre zones de stockage installées par les autorités sur l'A16 et l'A26. Des mesures de déviation et de déroutage étaient mises en place pour les camions de plus de 7,5 tonnes et sur l'A16, au niveau de Ghyvelde, dans le Nord, et des poids lourds étaient même contraints de faire demi-tour vers la Belgique. Certains accès à l'autoroute A16 avaient par ailleurs été fermés, y compris pour les voitures.
Darmanin oppose le "déficit" de l'Etat. Interrogé sur France Info jeudi matin, le ministre des Comptes publics Gérald Darmanin a assuré vouloir poursuivre les discussions avec les représentants des douaniers. "Il est normal que dans cette situation particulière, les syndicats essayent d'obtenir des choses qu'ils n'ont pas obtenues auparavant", a estimé Gérald Darmanin. Le ministre a toutefois rappelé que l'Etat se trouvait en situation "de déficit", avec une "dette publique importante", et avait déjà fait des efforts en prévision du Brexit : "Nous avons augmenté de 700 le nombre de douaniers, pour faire face à un Brexit hard le 29 mars s'il devait avoir lieu." Le ministère avait proposé mardi une enveloppe de 14 millions d'euros, financée sur le budget de Bercy : ce geste a été jugé insuffisant par les syndicats de douaniers, qui ont décidé de poursuivre leur mouvement.
Pas de file d'attente de camions à craindre en France. Gérald Darmanin a dit comprendre les inquiétudes liées au Brexit tout en appelant à "éviter de dire des contre-vérités". "Par exemple, la grève du zèle touche les camions qui arrivent dans la région des Hauts-de-France" pour aller "en direction de l'Angleterre". Or "il n'y aura pas de files de camions sur les autoroutes françaises puisque nous n'allons pas contrôler les camions qui vont en Angleterre : ce sera le travail des Anglais. Nous, nous allons contrôler les camions qui viennent de l'Angleterre", a-t-il souligné.