La quasi-totalité des syndicats d'Air France appelle pilotes, personnels de cabine et au sol à faire grève jeudi pour réclamer une augmentation générale de 6%, une unité rare qui prend appui sur des résultats financiers en forte hausse. Les répercussions sur le trafic seront communiquées dans la journée de mardi par la compagnie.
Rassemblement devant le siège. L'ensemble des syndicats représentatifs chez les pilotes (SNPL et Spaf) et les hôtesses et stewards (SNPNC, Unsa-PNC et Unac), trois organisations au sol (CGT, FO et SUD) et trois non représentatives (Alter pour les pilotes, CFTC et SNGAF côté PNC) appellent à la grève. Un rassemblement est prévu à 10h devant le siège de la compagnie à Roissy, où doit se tenir en parallèle un comité central d'entreprise (CCE) dédié principalement à l'analyse des résultats financiers 2017.
La grève de jeudi constitue un nouvel épisode de la négociation salariale 2018, close après deux séances houleuses. A son terme, la direction a mis sur la table un projet d'accord prévoyant une augmentation générale - la première depuis 2011 - de 1% versée en deux temps, une revalorisation des indemnités kilométriques et une enveloppe d'augmentations individuelles (primes, promotions, ancienneté...) de 1,4% pour les seuls agents au sol. Le texte, accepté par la CFE-CGC et la CFDT (minoritaires), a été invalidé par une majorité de syndicats, puis mis en oeuvre de manière unilatérale par la direction.
Les bons résultats financiers comme argument. Les organisations appelant à la grève ont dénoncé une "aumône" qui, selon elles, "ne pourra compenser l'augmentation du coût de la vie et rattraper les salaires bloqués depuis 2011". Elles réclament une augmentation générale des grilles de 6%, arguant des bons résultats financiers de l'entreprise. Le groupe Air France-KLM a affiché un bénéfice d'exploitation en hausse de 42% pour 2017 à 1,488 milliard d'euros, dont 588 millions d'euros pour la partie française.
Néanmoins, les revendications des syndicats "ne sont pas raisonnables", a tranché le PDG d'Air France-KLM, Jean-Marc Janaillac, dans Le Monde. "Le coût global d'une telle augmentation représenterait environ 240 millions d'euros, soit pratiquement le prix de deux Boeing 787", a-t-il appuyé.
La direction souhaite "trouver un équilibre réaliste". Lundi, la direction a tenté une dernière fois de dénouer le conflit en rencontrant les syndicats. Elle a réaffirmé que "sa priorité était de trouver un équilibre réaliste entre la rétribution des efforts de chacun et le maintien de conditions économiques permettant les investissements pour la croissance, dans un contexte de concurrence accrue", a indiqué un porte-parole à l'AFP.
La direction a tenu "un discours un peu culpabilisant et paternaliste", soutenant que la grève "mettrait en péril l'entreprise", a réagi Vincent Salles (CGT). "Ils sont restés hyper fermes, on leur a donné rendez-vous au 22 (février)", a lancé Karim Taïbi (FO). Les syndicats évoquent déjà un mouvement plus dur "si la direction s'entête". "La journée du 22 février n'est que le point de départ d'un rapport de force qui se construit", affirmait lundi l'intersyndicale dans un communiqué.
Dans cette perspective, le SNPL qui est majoritaire dans les cockpits d'Air France (65% des voix), consulte l'ensemble des pilotes jusqu'au 14 mars pour "recourir, au besoin, à un ou plusieurs arrêts de travail" pouvant dépasser six jours.