La France doit revoir "le modèle de production du foie gras" en "limitant les transports" de palmipèdes qui sont un vecteur de transmission des virus, a estimé lundi le ministre de l'Agriculture Stephane Le Foll. "Il va falloir avoir une stratégie pour limiter les transports, on va essayer de signer un contrat avec le Cifog (interprofession du foie gras, ndlr) pour revisiter le modèle de production", a déclaré le ministre à la presse pour la première fois depuis le début de la crise de grippe aviaire fin novembre en France.
"Des choses n'auraient pas dû se passer". Le ministre n'a pas voulu commenter l'enquête préliminaire ouverte la semaine dernière par le parquet de Paris qui cherche à comprendre comment le virus H5N8 s'est transmis comme une traînée de poudre fin 2016 dans les élevages du Sud-Ouest. La France recense 231 exploitations, situées dans neuf départements, touchées par le virus. Le gouvernement a déclenché depuis début janvier des abattages préventifs dans des élevages non touchés par le virus, qui ont débouché sur au moins deux millions de canards tués à ce jour. "Il y a des choses qui se sont passées qui n'auraient pas dû se passer", a souligné le ministre.
Une production hyper-segmentée. "Si on applique des règles de biocontrôle avec un modèle de production inchangé, cela ne servira à rien", a-t-il ajouté soulignant que "la multiplicité de transport est un vecteur viral aussi". Derrière ces mots, semble clairement mise en cause la segmentation de la production dans le Sud-Ouest. Les animaux passent d'une exploitation hyper spécialisée à l'autre : des fermes de reproduction aux couvoirs, puis aux élevages de poussins, aux élevages en parcours extérieur, aux éleveurs-gaveurs, pour finir par les abattoirs et la transformation. Chaque opération se fait sur des sites différents, obligeant à transporter des milliers d'animaux à chaque étape, parfois d'un département à l'autre.