C'est une "opération de com". La visite surprise d'Emmanuel Macron au sein de l'hôpital parisien de la Pitié-Salpétrière, le jour de la parution du décret sur la "prime Covid" aux soignants, passe mal auprès de Cathy Le Gac, infirmière en réanimation à l’hôpital Beaujon et co-secrétaire du syndicat Sud Santé AP-HP. "Il revient parce que la colère est restée latente pendant la crise" du coronavirus, déplore-t-elle au micro d'Europe 1 vendredi midi.
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"On veut des actes"
Si le chef de l'État a reconnu une "erreur" sur la réforme du système de santé engagée il y a deux ans lors de cette seconde visite, la première s'étant déroulée le 27 février dernier, au lendemain du premier décès Français à cause du coronavirus, pour l'infirmière elles sont multiples. "Il ne nous a jamais écouté, et il ne nous écoute toujours pas", tonne-t-elle. "On n'a peut-être pas été dans la rue avant la crise, mais on ira après ! On veut des actes, que ce soit concret", insiste-t-elle en faisant référence aux hommages prévus pour les soignants pendant le 14-Juillet.
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Presque deux mois pour acter "la prime Covid"...
Alors que les soignants se sont donnés corps et âmes pour venir en aide aux malades du Covid-19, Cathy Le Gac déplore le manque de relations "avec le ministère de la Santé". Elle garde également en travers de la gorge les deux mois qu'il a fallu aux autorités pour faire paraître le décret sur la prime Covid, depuis son annonce le 25 mars dernier. Un délai qui s'ajoute au retard pris dans le dossier des négociations sur les revalorisations des salaires, et qui passe mal, alors que le tourisme a eu son plan de sauvetage de 18 milliards d'euros, et que les entreprises sont exonérées de certaines charges.
... et toujours pas de revalorisation salariale en vue
"On n'a toujours pas la moindre once de rendez-vous pour ces revalorisations", mais à côté de ça "Emmanuel Macron fait des cadeaux sur les cotisations patronales, ce qui veut dire moins de sous dans les caisses de la Sécurité sociale et à la fin on va nous dire qu'on ne pourra pas revaloriser nos salaires à cause du trou de la Sécu", anticipe-t-elle.
Une situation d'autant plus préoccupante pour l'hôpital qu'en cas de deuxième vague de l'épidémie, Cathy Le Gac estime qu'en l'état, l'hôpital ne pourra pas faire face : "On ne sera pas assez nombreux."