Deux hommes jugés pour "menace de mort" et "menace de commettre un crime" pour avoir harcelé sur internet une journaliste d'Europe 1, Nadia Daam, ont été condamnés à 6 mois de prison avec sursis et à verser 2.000 euros de dommages et intérêts à la victime, mardi à Paris. L'un d'eux est l'auteur d'un photomontage montrant la journaliste sur le point de se faire décapiter par l'Etat islamique. L'autre avait menacé Nadia Daam de viol.
"J'ai été mis à pied au travail". "Je suis l'auteur d'un message, mais d'autres ont envoyé des choses beaucoup plus dures et n'ont pas été retrouvés", s'est défendu l'un des prévenus à l'audience, formulant malgré tout des excuses à l'égard de la victime. "Je regrette. Ça a eu des conséquences sur la vie de Nadia Daam et surtout sur la mienne : j'ai été mis à pied au travail", a expliqué le second. Devant le tribunal, tous deux ont expliqué avoir voulu "faire le malin" et "amuser la galerie".
En huit mois, "ma vie a changé", a de son côté raconté la journaliste à la barre. Nadia Daam, visiblement nerveuse et émue, a dû déménager. Sa fille de 12 ans a manqué plusieurs jours au collège, qu'elle a finalement quitté. La journaliste a été victime d'une vaste campagne de cyber-harcèlement après avoir dénoncé dans une chronique une campagne de haine sur le Forum 18-25 ans contre deux militants féministes. "A ce stade de bêtise crasse et de malveillance, il faudrait que les membres de ce forum pensent à léguer leur cerveau à la science", disait-elle.
Des insultes, puis une "escalade". Les insultes et menaces ont démarré quelques minutes après. Puis il y a eu "une escalade", a décrit la présidente du tribunal. Menaces de mort, de viol contre Nadia Daam et sa fille, diffusion de leur photo et adresse, piratage des comptes sur les réseaux sociaux de la journaliste, etc. Des individus étaient également venus frapper à sa porte au milieu de la nuit.
Début juin, alors que la journaliste se trouvait au tribunal pour une première audience, la porte de son appartement a été "défoncée". Des ordinateurs et tablettes ont été volés, mais l'argent et les bijoux n'ont pas été touchés. Une enquête est en cours.
Un mineur rappelé à la loi. Mardi, l'un des prévenus a expliqué avoir "posté" son message sur le forum "en deux ou trois secondes", tout en jouant à un jeu vidéo. "C'était juste une image", tente-t-il, avant d'oser une référence littéraire: "Je ne suis pas Guillaume Apollinaire". Ces prévenus "incarnent la violence sous pseudonyme", pour le procureur, qui avait requis 5 et 8 mois de prison avec sursis. "Ils sont deux parmi d'autres, la face émergée d'un mal beaucoup plus profond", reconnaît-il cependant.
Sept cyber-harceleurs ont pu être identifiés. Un mineur a déjà eu un rappel à la loi et quatre majeurs comparaîtront devant des tribunaux en province.