Reçue au ministère de l'Education nationale par Pap Ndiaye, la famille de Lindsay, 13 ans, qui s'est suicidée en mai après avoir été victime de harcèlement scolaire, a mis en cause le ministre accusé de ne pas être "sincère" et impuissant dans la lutte contre ce phénomène. "Ça me semble insuffisant", "il y a des choses qui ont été dites mais pas pris au sérieux", a réagi devant la presse Betty, la mère de Lindsay, après une heure d'entretien. La mère de famille est même allée plus loin en évoquant le ministre : "Je ne l'ai pas trouvé sincère. J'attends que les choses bougent, j'attends de voir des actes", a-t-elle lancé visiblement émue. "On n'a pas été aidé à temps, ni avant, ni pendant, ni après", a-t-elle ajouté, se disant "perdue", "seule" et" pas aidée".
"Pas de mesures concrètes"
Pap Ndiaye qui avait déclaré la semaine dernière que le suicide de l'adolescente était "un échec collectif", avait invité la famille de Lindsay à venir le rencontrer lundi après-midi dans son ministère, afin d'échanger avec eux après le suicide de l'adolescente, le 12 mai, dans le nord de la France, un drame au fort retentissement médiatique. "Le ministre (Pap Ndiaye) tenait d'abord par cette rencontre à apporter tout son soutien et exprimer son émotion à la famille de Lindsay face à ce drame", a précisé la rue de Grenelle dans un communiqué. Mais à l'issue du rendez-vous, la prise de parole de la famille a tourné au réquisitoire contre le ministre et sa politique de lutte contre le harcèlement.
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L'avocat de la famille, Me Pierre Debuisson, a expliqué ainsi avoir "le sentiment que la prise de conscience est réelle mais qu'elle n'est pas très profonde, très sérieuse. Elle reste peut-être de surface". "Pas de mesures concrètes, pas de moyens financiers alloués à cette cause qui pourtant nécessite un débat national". "Nous n'avons pas le sentiment que ça va évoluer", a-t-il dit. Trois plaintes ont été déposées contre la direction du collège, l'académie de Lille et les policiers chargés de l'enquête pour "non assistance à personne en péril", avait détaillé jeudi Me Debuisson lors d'une conférence de presse à Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais), où la collégienne était scolarisée.
"Aveu d'impuissance"
Une quatrième plainte vise le réseau social Facebook "complètement défaillant" en matière de modération des contenus et de lutte contre "les propos haineux", selon l'avocat, dénonçant la poursuite du harcèlement contre Lindsay, notamment sur Instagram. Le rôle des réseaux sociaux a de nouveau été dénoncé lundi par la famille de Lindsay. L'avocat de la famille a estimé "effrayant, l'aveu d'impuissance du ministre (Pap Ndiaye) lui-même, de l'Etat français vis-à-vis des réseaux sociaux". "Il (Pap Ndiaye) nous a expliqué noir sur blanc que la France était totalement incapable de résorber ce déchaînement de haine et de violence sur les résaeux sociaux, sur Instagram, sur Facebook, sur Tiktok", a dénoncé Me Debuisson. "Cet aveu d'impuissance, il est sidérant, inacceptable", a fustigé Me Debuisson.
La semaine dernière, Pap Ndiaye avait reconnu que les réseaux sociaux "ont leur part de responsabilité". Il faut même, selon lui, les "mettre sous pression de manière plus accentuée". "Avec d'autres ministères, nous allons nous concerter et agir de manière extrêmement ferme à l'égard des réseaux sociaux car, au-delà de ce qu'ils peuvent dire, nous savons que leur réaction est trop lente et certainement pas à hauteur de ce que nous attendons de leur part", avait martelé jeudi le ministre. Pap Ndiaye avait également promis d'"inviter à échanger les principaux responsables des réseaux sociaux, en particulier le groupe Meta France (Facebook, Instagram), SnapChat, TikTok et Twitter, en lien avec le ministère de l'Intérieur et des Outre-mer, le ministère de la Justice et le ministère chargé de la Transition numérique et des Télécommunications". Dans un communiqué, il a précisé réunir mardi l'ensemble des recteurs pour les "mobiliser" à nouveau contre le "fléau" du harcèlement.