"Il me faut un contact ! Pas trente !" : Alain Juppé, qui rencontrait jeudi soir une trentaine de "gilets jaunes", s'est dit prêt à relayer le message des protestaires et leur offrir des moyens de se réunir, pour discuter.
Une rencontre dans une ambiance cordiale. Dans une petite salle municipale, assis derrière un bureau, le maire de Bordeaux, une des villes où les samedis de mobilisation ont fait le plus de dégâts, a échangé pendant une heure et demie avec l'auditoire, gilets jaunes sur le dos pour la plupart, dans une ambiance plutôt cordiale. L'ancien Premier ministre, qui s'était déclaré à plusieurs reprises prêt à recevoir une délégation, avait marqué ce jeudi soir à son agenda pour les écouter. Dans la salle, une dizaine de personnes diffusent la rencontre par "Facebook live", leur téléphone pointé sur Alain Juppé.
Le comportement des forces de l'ordre condamné. En face de lui, assis, quelques-uns haussent par instants le ton, notamment pour parler du comportement des forces de l'ordre à Bordeaux, des "gazages", "abusifs", "démesurés", ou de policiers qui veulent "casser du crâne". "Dites-leur d'arrêter !", lance un homme. "S'il y a moins de violence de leur part, il y en aura moins de notre part", glisse une femme, vivement applaudie.
Le brouhaha reprend quand le train de vie de l'Etat est évoqué : "En haut, on s'engraisse !", lance une voix. Les propositions d'Emmanuel Macron ou le rôle de la finance ont fait partie des sujets abordés, comme le référendum d'initiative citoyenne, une "demande majeure" du mouvement.
Un itinéraire pour manifester samedi ? "Je suis gaulliste, alors, le référendum ça me plaît bien", sourit le maire de Bordeaux, tout en se montrant perplexe sur la question. Alain Juppé s'est dit prêt à discuter avec le préfet de Gironde d'un itinéraire pour manifester samedi, sans violence, à Bordeaux et prêter aux gilets une salle municipale pour qu'ils organisent des rencontres. "Je relaierai vos messages" auprès des autorités compétentes, a-t-il dit. "Mais il me faut un contact ! Pas trente", a-t-il lancé.
"En 1995 (comme Premier ministre), j'étais confronté à de puissantes manifestations mais j'avais des responsables en face de moi. (Cette absence de représentation), c'est l'originalité de votre mouvement mais ça nous complique la tâche", pointe-t-il. "Je n'ai pas envie de revoir ce que j'ai vu samedi dernier", quand les manifestations ont dégénéré en affrontements et où des pillages ont eu lieu, a aussi prévenu le maire de Bordeaux.