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Jean-Luc Boujon (à Crépol) / Crédits photo : OLIVIER CHASSIGNOLE / AFP
Depuis la mort de Thomas, poignardé lors d'un bal à Crépol dans la Drôme il y a dix jours, la colère de la population ne retombe pas. En déplacement dans le village, le porte-parole du gouvernement Olivier Véran a promis des réponses rapides et fortes. Mais certains habitants dénoncent une réalité que les politiques ne veulent pas voir.

En déplacement dans le village de Crépol dans la Drôme lundi, le porte-parole du gouvernement Olivier Véran a mis en garde contre "le risque d'un basculement" de la société. Mais une scène a frappé les esprits. À son arrivée, Olivier Véran a été interpellé par un homme, qui lui a reproché de soutenir davantage "la France des quartiers plutôt que la France de Thomas". Y a-t-il aujourd'hui deux France face-à-face, comme l'avait prophétisé Gérard Collomb lors de son départ du ministère de l'Intérieur en 2019 ? Est-ce une réalité que les politiques ne veulent pas voir ?

"Il y a un ras-le-bol général !"

"Honte au ministre ! Depuis toujours, tous ces gouvernements qui défendent la France des cités plutôt que la France de Thomas. La France rurale, la France de ceux qui élèvent leurs gosses comme il faut, qui ne les élèvent pas dans la haine de la France et des Français", lance un habitant. 

Il y aurait donc désormais deux France qui se feraient face. Un constat partagé par Aurélien, un père de famille. "Ça fait des années qu'on fait un maximum d'efforts pour vivre côte-à-côte. On paie énormément d'impôts pour qu'ils se sortent de la misère, parce qu'ils n'ont pas une situation facile non plus dans les cités. Et le résultat est nul : on en arrive à des scènes de guerre de rue. À Crépol ! Il y a un ras-le-bol général !"

"Ils ne vivent pas sur la même planète que nous"

Une réalité et une violence que les politiques ne veulent pas la voir, estime Fabrice, artisan près de Crépol. "Ils ne vivent pas sur la même planète que nous, je pense. Ils sont complètement à côté de la plaque. Ils ne sont pas dans la même situation, ils ne voient pas les choses. Dans les quartiers, il n'y a rien qui se passe en fait. Ils font trois jours de prison, trois de garde à vue et puis après, ils rentrent et ils recommencent…", juge-t-il.

Le constat d'une impasse donc, et des habitants qui ont le sentiment que ce qui s'est passé dans leur village aura du mal à faire vraiment changer les choses.