"La lutte contre les marchands de sommeil (...) est une priorité du gouvernement", arguait lundi le ministre de la Cohésion des territoires, Jacques Mézard. Pour Stéphane Troussel, président du Conseil départemental de Seine-Saint-Denis, invité mardi sur Europe 1 deux jours après l'incendie d'un immeuble d'habitation à Aubervilliers - qui selon la maire n'était pas autorisé à être habité - la lutte contre ces "propriétaires voyous" ne sera possible qu'en activant plusieurs leviers.
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"Il faut renforcer les mesures répressives, lutter contre les marchands de sommeil et donner des moyens à la justice, qui est aujourd'hui sinistrée en Seine-Saint-Denis", pointe-t-il au micro de François Geffrier. "Mais il faut également reprendre la lutte contre l'habitat insalubre. Le rapport Borloo (dont le président Macron a finalement décidé de ne pas s'inspirer Ndlr) rappelait la nécessité de reprendre massivement la rénovation urbaine. Or, elle est au ralenti en ce moment. Il faut la reprendre. Et il faut lutter contre la crise du logement en construisant rapidement des logements sociaux", insiste-t-il.
"Inquiet" des mesures prises par le gouvernement. Pour Stéphane Troussel, le gouvernement ne va pas, pour l'heure, dans la bonne direction avec sa loi Elan lorsqu'il décide de réduire le montant des APL de 5 euros par mois ou lorsqu'il demande aux bailleurs sociaux des efforts financiers.
"Je suis un peu inquiet quand je vois les dernières mesures prises par le gouvernement en matière de logement. Sa loi Elan devait créer un choc de l'offre. Ce choc a eu lieu mais à l'inverse. En 2017, on a constaté un pic de construction de logements, avec une part importante de logements sociaux alors que les premiers mois de 2018 sont catastrophiques en matière de construction", pointe-t-il.
"Le gouvernement est en train d'asphyxier les bailleurs sociaux, de déréguler encore un peu plus le logement, de financiariser le logement social et ça, du point de vue de la construction du logement accessible à tous, c'est dramatique."