Le feu a déjà ravagé 5000 hectares dans l'arrière pays de Saint-Tropez, dans le Var. 3:18
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Joanna Chabas et Caroline Baudry avec AFP, édité par Manon Bernard , modifié à
Depuis lundi, les pompiers se battent contre les flammes dans le massif des Maures, près de Saint-Tropez, dans le Var. Plus de 5000 hectares de forêts ont déjà été réduits en cendre et 7000 personnes ont dû être déplacées. Un homme d’une cinquantaine d’années a été retrouvé mort dans les ruines de sa maison à Grimaud et une autre victime est à déplorer.
L'ESSENTIEL

Les 1200 pompiers mobilisés ont entamé leur troisième jour de lutte dans l'arrière-pays de Saint-Tropez, sur la Côte d'Azur. Depuis lundi, l'incendie, qui a démarré près d'une aire d'autoroute, a parcouru 6375 hectares et en a brûlé 5000 dans cette région connue pour ses forêts de chênes liège abritant de nombreux animaux et ses vignobles, selon le dernier bilan des pompiers mercredi. Europe 1 fait un point sur la situation mercredi après-midi.

Le bilan grimpe à deux morts

Le bilan du plus gros incendie de l'été en France, dans l'arrière-pays de Saint-Tropez, sur la Côte d'Azur, s'est alourdi à deux morts, a annoncé ce mercredi le préfet du Var. Parmi ces deux victimes "il y a au moins un homme", a précisé le préfet Evence Richard, lors d'une conférence de presse au poste de commandement du Luc.  Une enquête est ouverte auprès du parquet de Draguignan, qui a communiqué plus tôt dans la journée, sur la découverte d'un corps entièrement calciné à Grimaud, un village dans le massif des Maures.

Ce mercredi, les enquêteurs de la gendarmerie travaillaient à l'identification du cadavre, dont "aucun élément ne peut nous permettre d'indiquer s'il s'agit d'un homme ou d'une femme", a précisé le procureur Patrice Camberou. "Le logement a été entièrement détruit par le feu", a-t-il ajouté. Par ailleurs, 24 personnes ont été légèrement blessées dans cet incendie, dont cinq pompiers, a précisé le préfet.

Des milliers d'habitants et touristes évacués

Plus de 7000 habitants et vacanciers n’ont toujours pas pu regagner leur maison ou leur camping depuis lundi. Pour la deuxième nuit consécutive, ces personnes ont dormi dans une quinzaine de structures d'accueil ouvertes sur le littoral.

Delphine, son mari et leurs trois enfants ont dû quitter leur lieu de vacances afin d’éviter les flammes. "On a décidé par nous-mêmes de prendre nos affaires et de partir sur la côte pour éviter de respirer les fumées, pour que les enfants se sentent mieux", raconte-t-elle au micro d’Europe 1. Sa famille est désormais installée sur des "matelas à même le sol" et des kits d’hygiène ainsi que de la nourriture leur ont été distribués.

Pour l’instant, la préfecture a sommé les personnes déplacées de ne pas regagner leur domicile ou leur location estivale. "On n'a aucune idée de ce qui nous attend pour la suite, pour les heures à venir. On espérait peut-être un peu trop naïvement que ça ne dure qu'une journée… Mais il nous reste quelques jours de vacances donc on attend de savoir si on peut terminer cette semaine au camping et récupérer les quelques affaires qui restent", poursuit Delphine.

Neuf routes coupées, des dégâts importants

Des opérations étaient en cours mercredi pour rétablir les réseaux de distribution de téléphonie et d'électricité. Neuf routes départementales demeurent toutefois coupées. Les dégâts sur l'environnement sont également importants. "La réserve naturelle de la plaine des Maures a été dévastée pour moitié", indique Concha Agero, directrice adjointe de l'Office français de la biodiversité.

Au pittoresque village de Grimaud, en plein centre de ce massif, le camping Charlemagne a été brûlé : les toits en tôle des bungalows ont été pliés par la chaleur. Des pans de montagne sont calcinés et des flammèches subsistent dans cette zone atteinte tardivement par le feu.

L'incendie toujours pas maîtrisé

"La situation continue d'être difficile pour les sapeurs-pompiers qui se sont engagés sur cet important sinistre", avertit l'officier de communication des pompiers du Var, Carlos Zaglia. La préfecture a de son côté appelé touristes et habitants à "la plus grande vigilance".

Les pompiers doivent continuellement se réadapter à la situation à cause du vent "qui n’a pas faibli pendant la nuit", explique Carlos Zaglia. Ce vent d’ouest est en effet passé à l’est puis au sud. "Ça nous oblige à modifier le dispositif, à remettre nos camions dans d’autres endroits pour protéger nos pompiers", détaille l'officier de communication des pompiers du Var. Avant d’ajouter : "C'est important qu'ils ne soient pas directement au contact avec les flammes pour pouvoir venir prendre en tenaille le feu et l'éteindre". 

Comme la veille, le ballet des avions et hélicoptères bombardiers d'eau est incessant. Les quelques citernes d'eau parsemant le massif paraissent bien dérisoires. Au loin, des tronçonneuses se font entendre, les services départementaux procédant à des coupes d'arbres pour "faciliter le passage des secours" qui "demeure difficile en raison d'obstacles sur les voies", indique la préfecture.

Un deuxième feu dans le Vaucluse

Un autre incendie est en cours dans une région viticole et touristique du Sud-Est, près de Beaumes-de-Venise, dans le Vaucluse. Il a connu une forte reprise dans la nuit en raison de vents violents, avec 40 hectares supplémentaires brûlés rapidement, pour atteindre 240 hectares touchés, dont des vignobles et oliveraies. Plus à l'Ouest, dans l'Aude, des incendies ont ravagé environ 90 hectares de végétation mardi. Quatre pompiers ont été blessés près de Bizanet et ont été hospitalisés.

La France avait jusqu'ici été relativement épargnée par les feux qui ont dévasté des milliers d'hectares et fait des dizaines de victimes dans plusieurs pays méditerranéens, de la Turquie à l'Algérie.