"Augmentez nos salaires, pas la misère" : des manifestants ont battu le pavé jeudi, à l'appel de la CGT, FSU et Solidaires et d'organisations de jeunesse, pour réclamer des hausses de salaires et donner un coup de semonce sur les retraites, au moment où l'exécutif précise sa méthode pour réformer. Selon des sources policières à d'Europe 1, 52.000 personnes ont défilé à midi partout en France. La CGT a elle revendiqué "plus de 250.000" participants dans près de 200 manifestations en France (contre "près de 80.000" le 17 mars et "plus de 150.000" le 27 janvier).
"Il est urgent d'agir !"
Pour cette première journée de mobilisation interprofessionnelle depuis la rentrée, le cortège parisien, fort de 40.000 manifestants, s'est élancé peu après 14 heures de la place Denfert-Rochereau, en direction de la place de la Bastille. La banderole de tête proclamait : "Augmentation des salaires, minima sociaux, bourses et retraites, il est urgent d'agir !".
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Le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, a mis en avant "un premier avertissement au gouvernement et au patronat pour que s'engagent rapidement des négociations salariales" et pour signaler, "puisque c'est l'actualité" que les Français ne veulent "pas travailler plus longtemps".
"L'urgence sur les salaires ça devient vital pour pas mal de gens", a plaidé Murielle Guilbert (Solidaires), tandis que pour la FSU, premier syndicat de l'Education, Benoît Teste a relevé une mobilisation notable des enseignants et dit sentir monter "une grande colère" de ne pas voir la question des salaires traitée à sa juste hauteur.
Des responsables politiques de gauche présents
Plusieurs responsables politiques de gauche étaient présents, dont Fabien Roussel (PCF), Mathilde Panot (LFI), Olivier Faure (PS) ou encore Sandrine Rousseau (EELV). Certaines pancartes filaient la métaphore culinaire: "Macron, donne-moi ton frigo", "mangeons les riches", "métro, boulot, pâtes à l'eau, caveau"... En chanson, sur l'air de "Voyage, voyage", certains tonnaient "Travaille, travaille, plus loin que l'âge de la retraite".
Dès la matinée, plusieurs milliers de personnes (4.300 selon la police) avaient manifesté à Marseille, en présence de Jean-Luc Mélenchon (LFI). À Nantes, ils étaient entre 3.200 (police) et environ 4.500 (CGT), derrière une banderole: "Augmentez nos salaires, pas la misère". À Besançon, 770 personnes ont manifesté sous la pluie, tandis qu'ils étaient plus de 2.000 à Toulouse sous un ciel menaçant. Ils étaient aussi plusieurs centaines à Strasbourg et 500 à Belfort (police), entre 1.600 (préfecture) et 3.500 (CGT) à Caen, entre 3.500 (police) et 8.500 (syndicats) au Havre et encore à Rouen entre 1.870 (préfecture) et 3.500 (CGT).
11% de grévistes dans l'Éducation nationale à midi
À La Réunion, environ un millier de personnes ont défilé dans les rues de Saint-Denis (nord de l'île) et à Saint-Pierre (sud). Le ministère de l'Education nationale a fait état à la mi-journée d'un taux de grévistes de 11,01% chez les enseignants. Le Snes-FSU a revendiqué de son côté "30% de grévistes" dans les collèges et lycées. Pour le primaire, le Snuipp-FSU en a recensé 20%.
Côté transports, trois syndicats sur quatre, y compris la CFDT-Cheminots, avaient appelé à la grève à la SNCF. Des perturbations étaient signalées sur certaines lignes TGV Inoui, Intercités, Ouigo, TER, et Transilien en Ile-de-France. Du côté de la RATP, où seule la CGT avait appelé à la grève, le trafic était perturbé sur le RER B ou les bus. Au mot d'ordre initial réclamant une hausse des rémunérations face à une inflation inédite (+5,9% en août), s'est ajouté le dossier des retraites.
Nouveau cycle de concertations au gouvernement
La Première ministre, Elisabeth Borne, a annoncé jeudi à l'AFP que le gouvernement allait ouvrir un nouveau cycle de concertations en vue d'adopter un projet de loi "avant l'hiver", permettant une entrée en vigueur à l'été 2023 d'une réforme prévoyant le "report progressif de l'âge de départ" jusqu'à 65 ans en 2031. "On ne veut pas négocier l'allongement de l'âge de la retraite", a prévenu Philippe Martinez. Quant à participer aux concertations prévues par l'exécutif dès la semaine prochaine, "si c'est pour nous dire voilà ce qu'on veut et maintenant faites ce qu'on vous dit, on ne restera pas longtemps".
La CFDT qui, comme FO, ne participait pas à la journée de mobilisation, a indiqué de son côté qu'elle "s'engagera(it) dans les discussions", réclamant "loyauté et transparence". Tous les syndicats (CFDT, CGT, FO, CFTC, CFE-CGC, FSU, Solidaires et Unsa) doivent se retrouver au siège de l'Unsa le 3 octobre. Il s'agira de discuter "des modalités pour poursuivre ce mouvement", a dit Philippe Martinez, plaidant pour l'unité "la plus large possible". La CFDT a fait savoir qu'elle irait pour "construire des propositions communes sur les axes de concertation qui s'ouvrent et pour contrer le report de l'âge légal à 65 ans".
Les partis de gauche prévoient de leur côté d'organiser le 16 octobre une "grande marche contre la vie chère et l'inaction climatique", sans le soutien, un temps envisagé, de la CGT.