La guerre des chefs n’aura pas lieu. Selon les informations recueillies par Europe 1, Jean-Baptiste Dulion (RAID), Simon Riondet (BRI) et Ghislain Réty (GIGN) se sont mis d’accord il y a une dizaine de jours, au cours d’une réunion, pour se répartir la sécurisation de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de 2024 à Paris. Ils ont convenu que les trois forces interviendront bien, de concert, dans la capitale et qu’elles auront des missions et non une zone géographique.
Les différentes missions des forces d'intervention intérieures
Dans les grandes lignes, le RAID rattaché à la direction générale de la police nationale (DGPN) à compétence principale en zone police - hors Paris et petite couronne – sera censé sécuriser l’eau et l’acheminement des bateaux sur la Seine. Le GIGN, l’unité d’élite de la gendarmerie, verrouillera le ciel avec sa réserve d’hélicoptères et aura comme mission la protection rapprochée des délégations officielles.
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Enfin, la BRI, la force d’intervention de la préfecture de police, aura la responsabilité des opérations au sol, notamment la sécurisation des quais hauts et bas où au moins 600.000 personnes sont attendues.
La sécurisation des relais de la flamme olympique pour le GIGN ?
Toujours selon les informations d'Europe 1, la répartition de ces missions a été validée du côté des directions générales de la police et de la gendarmerie nationales (DGPN et DGGN). Avant que tout ne soit définitivement acté et gravé dans le marbre, le préfet de police Laurent Nunez doit encore valider cette proposition avant de remettre sa copie au ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin.
Lors de cette cérémonie d’ouverture, le chef de la BRI sera aux commandes de l’opération de ces forces d’intervention en cas d’incident majeur, sous la responsabilité du préfet de police, Laurent Nunez. "Tout s’est fait en bonne intelligence, les trois chefs sont d’accord sur leurs missions et l’organigramme", se félicite une source proche du dossier. Un détail qui a son importance car ces trois forces d’intervention ont pu, par le passé, se retrouver en concurrence, notamment lors des attentats parisiens, provoquant à l’époque de vives polémiques.
Par ailleurs, policiers et gendarmes ont convenu que les relais de la flamme olympique qui auront lieu partout en France en amont des JO seront sécurisés par le GIGN qui sera rejoint par la BRI lors de son arrivée à Paris.
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Ces points essentiels qui doivent être tranchés
D’autres points essentiels doivent toutefois encore être tranchés, comme la lutte anti-drone à Paris lors de la cérémonie d’ouverture. Le GIGN pourrait en être chargé, avec un renforcement de moyens militaires proposés par les armées. Le GIGN a aussi émis le souhait de mettre à disposition des moyens blindés de lutte contre la menace NRBC (nucléaires, radiologiques, biologiques, chimiques).
Enfin, les allers-retours se poursuivent entre la mairie de Paris et la préfecture de police. "Il va falloir rentrer dans le dur avec Hidalgo. On a l’impression que la sécurité n’est pas encore vraiment dans son champ de vision", regrette un connaisseur du dossier.
Un déficit d’agents privés
Il reste enfin l’épineuse question de la sécurité privée. Les projections prévoient un besoin moyen de 20.000 agents, chaque jour, tout au long de la compétition. Or, les professionnels du secteur estiment qu’il manque déjà en temps normal environ 20.000 agents de sécurité en France. L’objectif annoncé risque donc de ne pas être atteint. D’autant que les responsables d’entreprises du secteur se montrent très pessimistes.
"Il y a un enjeu de réputation pour nous en cas d’incident ou de débordement. Et par ailleurs, compte tenu de la difficulté à recruter dans ce secteur, on n’a pas envie de perdre des clients au profit des JO", glisse l’un d’entre eux.
Selon les informations d'Europe 1, des échanges ont aussi eu lieu entre les organisateurs des JO et l’état-major des armées. En privé, les militaires restent dubitatifs. S’ils sont prêts à être intégrés au dispositif de sécurité pour y apporter des compétences spécifiques, comme le déminage ou la lutte anti-drone, ils voient en revanche d’un mauvais œil l’idée de pallier le déficit d’agents privés.