Alors que l'islamologue Tariq Ramadan, mis en examen pour des soupçons de viols sur deux femmes, a obtenu jeudi sa remise en liberté sous conditions, Europe 1 a pu consulter les motivations des juges de la Chambre de l'instruction.
Les juges se prononcent uniquement sur l'intérêt de la détention. Les juges n'excluent pas que Tariq Ramadan ait pu commettre les faits de viols pour lesquels il est mis en examen. Mais un an après le début des investigations, les juges de la chambre de l'instruction de la Cour d'appel de Paris ont estimé jeudi que sa détention provisoire n'était plus justifiée pour prévenir les risques de pression et garantir son maintien à disposition de la justice.
Dans leurs motivations qu'Europe 1 a pu consulter, les magistrats estiment en effet "qu'il ressort suffisamment des éléments qu'il existe des raisons plausibles de penser qu'il a participé aux faits visés lors de sa mise en examen" mais rappellent par les termes suivants qu'il ne leur appartient pas de trancher sur le fond : "La valeur probante des éléments [notamment les SMS échangés avec les plaignantes] et la crédibilité des déclarations respectives n'est pas l'objet du contentieux de la détention provisoire dont est saisie la cour", rappellent les juges.
La détention provisoire n'apparaît plus comme nécessaire pour empêcher d'éventuelles pressions. Néanmoins, ils estiment que l’enquête est suffisamment avancée pour que la détention provisoire, dont la loi prévoit qu'elle soit l’exception, n'est plus nécessaire. "Compte tenu de l'ensemble des éléments déjà recueillis [...] plus d'un an après le début des investigations" et alors que les premières plaignantes, Henda Ayari et Christelle, ont été entendues et confrontées chacune avec Tariq Ramadan, "il n’est pas démontré que la détention provisoire serait encore l'unique moyen d'éviter une pression sur les témoins et les parties civiles ou garantir son maintien à la disposition de la justice".
Une remise en liberté sous conditions. Les magistrats ont donc décidé de la remise en liberté de Tariq Ramadan sous caution de 300.000 euros assortie d'un contrôle judiciaire lui interdisant de quitter le territoire, la remise de son passeport, un pointage hebdomadaire au commissariat et l'interdiction d'entrer en contact avec les parties civiles.