Une femme a été condamnée lundi à 4 mois de prison avec sursis par le tribunal correctionnel de Nanterre pour avoir proféré des insultes et des menaces de mort à caractère homophobe envers un couple dans un supermarché.
Le 12 mars dernier, une banale querelle éclatait à la file d'attente d'une grande surface de Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine). Une jeune femme, furieuse de voir deux hommes lui passer devant, inondait le couple d'un torrent d'insultes homophobes. "Vous les pédés vous n'avez pas le droit de vivre", "En Algérie les mecs comme vous on les égorge", s'emportait la jeune femme, sous l’œil de deux caissières.
Elle invoque un coup de sang. "Oui je suis homophobe et j'assume", affirmait même la femme haut et fort dans le magasin. Poursuivie pour menaces de mort à caractère homophobe, elle a expliqué ses propos par un simple coup de sang, provoqué par la fatigue due à sa grossesse.
Elle a nié être homophobe, affirmant à l'audience: "Je les ai insultés de pédés mais s'ils avaient été gros ça aurait été sales gros ou une blonde, blondasse". Elle a également expliqué avoir été traitée de "bougnoule", une affirmation qu'aucun des témoins de la scène n'est venu confirmer.
"Illustration d'une homophobie tenace". "Une menace de mort, c'est dire à la personne qu'elle ne mérite pas d'exister et c'est ce que vous avez fait", a souligné l'avocat des deux parties civiles, Tewfik Bouzenoune. Évoquant les cinq ans du vote sur le mariage pour tous, il est revenu sur la banalisation des propos homophobes au cours des débats entourant cette loi. "Vous êtes l'incarnation de cette banalisation", a-t-il insisté.
Deux associations de lutte contre l'homophobie s'étaient portées partie civile dans cette affaire, "illustration d'une homophobie tenace, vivace et qui ne doit pas prospérer", a rappelé Me Quentin de Margerie, avocat de SOS Homophobie. "50% des cas d'homophobie se manifestent par la parole", a ajouté Me Etienne Deshoulières, avocat de Mousse, une autre association de lutte contre les violences homophobes. "C'est une homophobie de tous les jours, représentative de l'homophobie latente en France", a-t-il souligné.
"Ma cliente doit répondre de ses actes, pas de l'ensemble des actes homophobes commis en France", a lâché l'avocate de la prévenue, Me Madeleine de Vaugelas, demandant de requalifier les menaces de mort en injure publique, ce que le tribunal n'a pas suivi. Outre les 4 mois avec sursis, la jeune femme a été condamnée à verser 1.350 euros de dommage et intérêts pour préjudice moral à chacune des victimes et 1.500 euros à chacune des deux associations.