Interdire les réseaux sociaux aux moins de 15 ans : est-ce vraiment envisageable ?
L'accès des plus jeunes aux réseaux sociaux est porteur d'"épidémies de violences" qu'il faut "absolument réguler", a déclaré mardi le président français Emmanuel Macron, qui a promis leur interdiction prochaine aux moins de 15 ans. Est-il vraiment possible de mettre en place cette mesure ?
Au-delà de l'interdiction immédiate de la vente de couteaux aux mineurs, la classe politique tente d'esquisser les bonnes réponses à l'agression mortelle d'une surveillante par un collégien de 14 ans, le camp présidentiel et la gauche prévenant que la réponse est multiple, la droite insistant sur "la sanction".
Emmanuel Macron, lui, a affirmé ce mardi 10 juin que la France interdira les réseaux sociaux aux enfants de moins de 15 ans si, d’ici à "quelques mois", si cela n’est pas fait au niveau européen. Dans quelle mesure cette réglementation est-elle faisable ?
Des demandes de justification d'âge virtuel
Si les buralistes peuvent demander une pièce d'identité pour vérifier l'âge d'un client qui voudrait acheter des cigarettes, TikTok, Snapchat ou Instagram sont en mesure de la demander virtuellement aussi pour un utilisateur.
"L'hypothèse numéro une est le réseau social qui demande le justificatif pour valider l'inscription. La deuxième option est le renvoi vers un autre site lors de l'inscription et qui va ensuite pouvoir certifier de votre âge via des documents demandés", affirme Olivier Ertzscheid, enseignant-chercheur en sciences de l'information à l'université de Nantes.
Une mine d'or
Mais ces jeunes sont un vivier économique pour ces entreprises. Elles risquent donc de s'opposer à une réglementation plus stricte.
"Elles veulent aller chercher de la croissance et pour cela il n'y a aucune autre solution que de baisser l'âge à partir duquel il va être possible de se connecter. Il faut bien entendre que si elles font du lobbying très intense auprès de tous les gouvernements, c'est bien parce que pour elles, c'est un enjeu vital", poursuit Olivier Ertzscheid.
Un bras de fer que l'État français pourrait gagner, dit-il, mais il se confronterait alors à un autre écueil : celui de mettre à disposition d'entreprises étrangères les documents d'identité de dizaines de millions de ces ressortissants.